éditorial du n°1465
Airbus, à la suite des luttes de succession et des jeux de chaises musicales à la tête du groupe EADS ayant entraîné des erreurs de gestion, a vu son action malmenée à la Bourse l'année dernière, résultat : ce sont des milliers d'emplois qui vont disparaître chez l'avionneur et surtout chez ses sous-traitants. Alcatel et Lucent, après leur mariage, vont eux aussi, au terme de leur lune de miel, préparer les milliers de lettres de licenciement qui redonneront de la vigueur à leur cote sur le marché.
Dans beaucoup d'entreprises les salaires restent bloqués, quand on ne demande pas aux salariés de travailler plus pour le même salaire. Face à cela, les salariés restent pratiquement sans défense. Les syndicats actuels, qui pour la plupart se sont convertis à la cogestion, gérant les tensions sociales afin qu'elles n'affectent pas l'exploitation des ressources humaines, ont oublié depuis longtemps ce qui motivait les fondateurs de leur mouvement, l'abolition du salariat et la révolution sociale. Même les bonimenteurs candidats à la chefferie de l'Etat ne se donnent plus la peine de dépeindre une société plus juste pour les travailleurs. Si tous se proposent d'améliorer le sort de ceux qui s'échinent à faire tourner l'économie au prix de leurs efforts et de leur santé, aucun ne remet en question l'exploitation de l'homme par l'homme que constitue le salariat. Travailler plus pour gagner plus, tel est le leitmotiv que les idéologues nous martèlent. Déjà on voit de plus en plus de travailleurs obligés de cumuler plusieurs emplois pour pouvoir boucler leur budget à la fin du mois. Nous ne progressons pas vers une société meilleure et plus juste, mais vers un monde où règne la loi du plus riche.