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Dans un sale État

par Ph. A. • le 18 août 2025
Perpétuité pour une erreur judiciaire
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Dans le Monde libertaire "papier" de septembre, il sera naturellement question de la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Un rappel des faits , des crapuleries de l’État français et du gouvernement étasunien.
Petit rappel, Georges Ibrahim Abdallah est né le 2 avril 1951 à Kobayat, dans le nord du Liban, c’est un militant communiste libanais, membre du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et cofondateur des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL). Les FARL ont été créées en 1979 pour lutter à l’étranger contre l’invasion du Liban par Israël avec la complicité des USA et de la France présents sur le sol libanais, en ciblant des militaires ou des agents des services secrets de ces pays. C’est ainsi que cette organisation assassine le lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire adjoint de l’ambassade des États-Unis, puis Yacov Barsimantov, deuxième secrétaire de l’ambassade d’Israël et responsable du Mossad à Paris.
Georges Abdallah est arrêté le 24 octobre 1984 à Lyon pour faux papiers. Il est condamné le 10 juillet 1986 à 4 années de prison. Puis une arme est découverte, dans un appartement loué à son nom. La DST prétend que cette arme a été utilisée dans l’attentat contre le colonel Charles Ray et l’agent Yakov Barsimantov. Elle est enrobée dans un journal datant d’un moment où Georges Abdallah est détenu ! Il est donc jugé une seconde fois et condamné à perpétuité pour complicité d’attentats alors que l’avocat général requiert dix années d’emprisonnement. Le contexte médiatique est responsable de cette condamnation à perpétuité en attribuant aux proches de Georges Abdallah les attentats de 1985-1986 faisant de nombreuses victimes (13 morts et plus de 300 blessés) à Paris. Ces attentats sont revendiqués en fait par une organisation qui s’avérera être financée par l’Iran. De plus, un des avocats de Georges Abdallah, écrira un livre dans lequel il révélera avoir travaillé pour les services secrets français dans cette affaire.
41 années sans renier ses convictions
En prison, il a mené de nombreux combats tant sur les conditions de détention des prisonniers, il participe aussi aux grèves de la faim de solidarité avec les prisonniers et prisonnières révolutionnaires dans le monde et en Palestine.
À partir d’octobre 1999, Georges Abdallah pouvait déposer des demandes de libération, ce qu’il fit une dizaine de fois : novembre 2001 (rejet de la première demande), novembre 2003 positif (appel négatif), février 2005 (rejet et rejet en appel), février 2007 (refus, appel reporté en 2009 puis refus), novembre 2012 (favorable, appel favorable, libération conditionnée à un arrêté d’expulsion du territoire français que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, refuse de signer sous pression des USA), avril 2013 (décision de libération cassée par la Cour de cassation), novembre 2014 (demande jugée irrecevable), février 2015 (rejet en appel), juin 2023 (demande libération/expulsion), novembre 2024 (favorable, mais appel), février 2025 (jugement en appel favorable en vertu de son âge plus de 70 ans, il a 74 ans, mais libération suspendue), juin 2025 (examen d’une clause d’indemnisation des victimes) et verdict le 17 juillet 2025 (libérable le 25 juillet à condition de quitter le territoire français et ne pas revenir).
Durant toute cette période, des mobilisations de soutien ont eu lieu et n’ont cessé de progresser en mobilisant de plus en plus de jeunes, qui trouvent à la fois de la constance dans l’engagement et la détermination de Georges Abdallah et qui rejettent l’acharnement judiciaire envers le plus vieux prisonnier politique en Europe. Les prisonniers politiques aux USA subissent de plus longues peines : Léonard Peltier (48 ans de prison) a été libéré en février 2025 par grâce présidentielle, mais pas Mumia Abu Jamal (43 ans de prison). Au final Georges n’a pas battu ces tristes records et c’est heureux, même si c’est long pour une quasi-erreur judiciaire.
Les premières manifestations où apparaît la demande de libération de Georges Abdallah, sont les manifestions pour la libération des prisonniers d’Action Directe, en février 2006. Il y aura des manifestations devant l’ambassade de France au Liban, puis devant le Centre Pénitentiaire de Lannemezan où Georges Abdallah finit par être détenu, la première en novembre 2011, puis tous les mois d’octobre de 2012 jusqu’à aujourd’hui, autour du 24 octobre, jour anniversaire de son arrestation.
Ph. A. - Cercle libertaire Jean-Barrué (33)
PAR : Ph. A.
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