Radio France n’est pas un problème, c’est une solution !

mis en ligne le 8 avril 2015
Cela fait maintenant seize jours que les salariés de Radio France sont en grève. Ils réclament un véritable projet d’avenir, et non le démantèlement de la radio de service public. Or, plus le temps passe, plus les éléments de langage s’accompagnent de contre-vérités.

Le vrai du faux de la com de Mathieu Gallet

– « Ma seule erreur, c’est de ne pas avoir été plus expansif. » VRAI ! C’est le moins qu’on puisse dire. Cela fait des mois que nous attendons un projet, notre PDG n’évoque toujours que des « pistes » : le numérique, l’accueil du public, la publicité qu’il faudrait développer. Il nous parle de format et pas de contenu, de salles et pas d’orchestre, de coûts et pas de ressources.
– « Si rien n’est fait, on ne passera pas l’été. » VRAI MAIS… dans la presse et sur les plateaux télé, Mathieu Gallet n’évoque pas le chantier de réhabilitation de la maison de la radio. Or, c’est l’une des raisons majeures des difficultés budgétaires actuelles. Et les salariés n’en sont pas responsables.
– « Il faut changer un modèle en bout de course. » FAUX ! Radio France ne coûte pas cher : entre 10 et 15 euros par an et par contribuable pour : six chaînes, quarante-quatre locales, quatre formations musicales, des sites d’information, de la recherche sonore, etc.
ET NON… les salariés de Radio France ne sont pas des nantis. Depuis des années, il n’y a plus d’augmentation générale des salaires, et la plupart des salaires ne suivent pas l’inflation. Un journaliste à Bac +5 et 4 années de CDD commence sa carrière à 1 900 euros nets. Producteurs, réalisateurs, attachés de production, journalistes, techniciens, travaillent bien souvent sous des contrats précaires, au total 700 Équivalents Temps Plein (postes).
MAIS cela n’est pas le sujet : les grévistes ne réclament aucune augmentation de salaires, simplement le droit de continuer à faire de la radio de qualité.
ET PUIS NON ! Deux orchestres ce n’est pas du luxe. En Allemagne, la radio en a quatre. Si vous supprimez l’orchestre national, qui ira à la rencontre des citoyens qui vivent dans des déserts culturels ? Il n’y a pas trop d’orchestres en France, il n’y en a pas assez.
– « Il n’y a que 6 à 7 % de grévistes. » FAUX ! Ce chiffre doit être multiplié par trois ou quatre. Radio France étant une entreprise qui tourne 24 heures sur 24, à l’heure du pointage des grévistes seul un tiers des effectifs est présent.
« Je voudrais être le patron qui a su réformer l’entreprise pour 2020. » SO WHAT ? Les personnels de Radio France ne sont pas opposés à toute réforme. Mais la radio qu’imagine Mathieu Gallet en 2020 est une radio uniformisée et plus commerciale. Une radio qui abandonne sa mission de proximité avec le démantèlement acté des radios locales. Une radio qui abandonne ses missions de service public (informer, éduquer, divertir). Nous ne travaillons pas pour l’audience. Nous travaillons pour le vivre-ensemble.
Non, Monsieur Gallet, Radio France n’est pas un « problème », VOUS en êtes un.

Christianne
Une salariée de Radio France



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


La lanterne

le 11 avril 2015
Franchement, qu'est ce que les anarchistes vont défendre Radio France et toute la pravda bourgeoise étatique qui sévit dans ces excécrables radios, les Patrick Cohen les Pascale Clark, les Thomas Legrand...
Que Radio France crève, comme les radios privés.
Tous ces socio-démocrates chiens de garde du système sont intolérables aux yeux des gens qui ont du bon sens et sont des freins à l'émancipation des hommes. Un exemple de plus de l'égarement des anarchistes institutionnels...

Guillaume

le 12 avril 2015
Ce ne sont pas Cohen, Clark ou Legrand que les anarchistes défendent, mais les milliers d'emplois de techniciens, d'agents de nettoyage, de pigistes, de musiciens, etc. qui sont les principaux salariés en grève. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) Solidaires, corporatif à l'extrême, a d'ailleurs mis longtemps avant de soutenir la grève, qui est surtout du fait des travailleurs précaires et/ou mal payés.
S'il y a égarement, c'est bien ton raisonnement, prisonnier d'une grille de lecture rigide et bien confortable qui autorise à ne rien faire. La pseudo-radicalité que tu affiches sur le Net n'est rien d'autre que la justification ridicule et dangereuse de l'immobilisme. Si on t'écoute, aucun travailleur ne devrait se mettre en grève ou défendre son emploi, parce que, horreur !, il défendrait au final… le salariat ! Tu préfères sacrifier le quotidien sur l'autel de ta vraie révolution, alors que l'un n'empêche fondamentalement pas l'autre. C'est une attitude, au final, qui est bien dans l'air du temps et dans l'époque – petite-bourgeoise s'il en est.

La lanterne

le 13 avril 2015
Quelle est donc la particularité de l'anarchisme qui rejoint tous les syndicats majoritaires trainant de manifs en manifs depuis des années, des précaires et des gens exploités?
Les anarchistes doivent organiser, autogérer, en dehors des cadres étatiques ou du capital.
Avec cette mentalité et cette obséquieuse défense des emplois, vous êtes réellement de simples idiots utiles gauchistes qui maintiennent la main d'oeuvre pour le capital. Et après on lit ou on écrit de grands textes sur la servilité, ou la liberté et l'émancipation de l'homme?! Rigolade que toute cette littérature alors... Qu' y a t il de constructif de réclamer le maintien de ces emplois, une augmentation de trois euros et toutes les revendications classiques des syndicats pourris? Les anarchistes doivent contribuer à la prise du contrôle du maximum de structure par les travailleurs et organiser comme dit plus haut, des lieux auto-gérés, des scop etc...
Que Radio France meure avec le maximum de médias verticaux à l'ère d'internet tant mieux, Hollande et toutes ces cliques auront un endroit en moins pour abrutir les gens.

La lanterne

le 13 avril 2015
Ah oui et évidement, j'ai passé l'âge de croire ou d'attendre le grand soir. Je vais pas raconter ma vie sur internet, mais l'immobilisme, pas vraiment...

Guillaume

le 13 avril 2015
Tant mieux pour toi si quelques euros en plus sur ta fiche de paie ne t'intéressent pas le moins du monde ou si tu n'as pas à craindre de perdre ton emploi : ta vie doit être confortable. Ca explique sûrement que tu puisses avoir tout loisir d'éructer contre les mobilisations des uns et des autres parce qu'elles ne correspondent pas à l'idée que tu te fais de la révolution. Tu critiquerais les instances dirigeantes des confédérations, là, je comprendrais ; mais c'est sans doute trop de subtilité : mieux vaut vomir sur tout en bloc, c'est tellement plus simple et ça fait tellement plus rebelle. Allez, bonne route sur la voie des alternatives "en dehors du capital et de l'État" (sic).

La lanterne

le 14 avril 2015
Ton ton condescendant voire méprisant illustre bien le mal que tu as à sortir des schémas traditionnels des luttes qui ne mènent nulle part. Continue avec ta banderole à défiler sous l'égide des syndicats et du patronat brave petit soldat et surtout, oublie les chemins de traverse, évidemment...