Retraités enragés !

mis en ligne le 12 mars 2015
« Dans la Somme, les organisations locales USR-CGT, UDR-FO, SFR-FSU, Unir-Solidaires, FGR-FP, LSR se sont rencontrées le 16 février. Elles appellent à une manifestation départementale le mardi 17 mars à Amiens : rassemblement à 15 heures, parvis de la Macu. Elles se joignent aux organisations syndicales nationales de retraités UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, SFRN-FSU, Unir-Solidaires, UNRPA-Ensemble et solidaires, FGR-FP et LSR, qui se sont rencontrées le lundi 9 février. » Un peu partout dans l’Hexagone fleurissaient dans la presse locale de tels communiqués. Grande mobilisation, donc, pour les retraités, dans l’unité syndicale. On espère que cela aura été plus qu’un marchepied pour les cantonales et le monde de la retraite ne se sera pas laissé rouler (outre mesure ?) dans la farine.
Car si le monde du travail est l’objet de nombreuses attaques, la situation des retraités se dégrade aussi : baisse du pouvoir d’achat, des conditions d’accès aux soins, report de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, la liste est longue.
Revenons « un peu » en arrière. Au début XXe siècle, la notion de retraite telle que nous la connaissons actuellement n’existe pas. Manœuvre militaire ou mouvement de recul, moi, progrès social, non. Quand le gouvernement, en 1910, proposa une retraite à 65 ans, la moyenne de décès dans la population ouvrière était de 50 ans. Ce qui faisait dire à la CGT d’alors que c’était une prime à la mort !
N’empêche, le changement était en marche. Après avoir reconnu le syndicalisme et les organisations ouvrières, le patronat consentait à envisager que les salariés soient aidés dans la poursuite de leur vie en dehors du salariat. Mais, comme pour les congés payés en 1936 ce ne sera possible que par les luttes !
Historiquement, est-il besoin de le rappeler, une forme de retraite a toujours existé en tant qu’exception. La règle générale étant que la solidarité familiale prenne en charge celles et ceux qui ne pouvaient plus travailler. Quelques exemples historiques : dans l’Antiquité romaine, la paye de la retraite des légionnaires posait problème… Sous Auguste fut créé le Trésor militaire (aerarium militare) caisse de retraite des légionnaires alimentée par une taxe de 5 % sur les héritages et de 1 % sur toutes les ventes. Sûr que la plèbe devait recourir à la solidarité familiale quand elle existait !
Au Moyen Âge, le goupillon prit le relais du sabre… Dans certaines abbayes bénédictines, les serviteurs laïcs percevaient des pensions (argent ou nature) quand ils ne pouvaient plus exercer leur charge. Jusqu’à notre époque ont perduré aussi des associations d’entraide dans différentes corporations, comme celle de l’imprimerie, le tout se liant avec le mouvement syndicaliste à la fin du XXe siècle.
Aujourd’hui, les revendications des retraités du XXe siècle sont les suivantes :
– La création d’un minimum retraite équivalent au smic pour tout retraité ayant une carrière complète.
– La mise en œuvre en 2015 de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement.
– La prise en charge par la Sécurité sociale de la perte d’autonomie.
– Le développement et le renforcement des services publics, en particulier dans le domaine de la santé.
Pour un autre monde, solidaire et sans exploitation !

Antoine Laverdure
Cercle syndicaliste de l’Est parisien