Lettre ouverte aux survivants : de l’économie de la catastrophe à la société du don

mis en ligne le 5 mars 2015
« Le travail – cette activité aliénée de l’homme- nuit gravement à la santé ».
C’est ce que démontre point par point Sergio Ghirardi dans ce livre qui redonne de l’espoir à celles et ceux qui l’auraient égaré en cours de lutte…
Il explique que le capitalisme, bien épaulé par ses sœurs incestueuses : les religions, quelque soit le nom qu’elles portent : catholicisme, islamisme, protestantisme etc, s’est appliqué consciencieusement à créer « l’homme économisé » ou « prolétarisé ».
« Tant que la dernière parcelle de sacralité polluera la prise de conscience critique des hommes, la société restera fondée sur le couple mystico-mécaniciste qui l’a fait dégénérer et devenir aussi artificielle qu’inhumaine… l’homme est l’esclave de la logique de sacrifice dont les religions ont fait depuis toujours la propagande, pendant que l’économie encaissait les dividendes sous forme de travail. »
« La violence est, en fait, l’arme absolue et l’alibi d’un capitalisme qui assujettit les êtres humains à une peur sans fin pour empêcher ainsi la fin de la peur. »
Sergio Ghirardi, qui décidément, et il a bien raison, n’écrit pas de main morte continue son réquisitoire : « Riche de misères ou pauvre d’une conscience polluée, titulaire d’un compte en banque mais aussi d’un taux de cancer de la prostate, des ovaires, des poumons, du sein, en perpétuelle hausse boursière, l’homo oeconomicus est accablé par des vaches folles, des grippes aviaires, des océans de mercure, avec l’effet de serre comme touche finale. Il a à peine fini de respirer à pleins poumons l’air de Seveso et de Bhopal, qu’il s’illumine de Tchernobyl en attendant la suite de son obsolescence passant D’Hiroshima à Fukushima. »
Et comme il n’est pas homme à ménager qui que ce soit pour nous faire réagir, Sergio continue sur sa lancée : « S’il lui reste encore un peu de temps libre et de sous, il part s’amuser sur les plages de Thaïlande où, ignorant le tsunami qui l’attend, il goûte des ersatz de poulets élevés à la chaîne. »
Revenons un peu aux « opiums du peuple ». Et si ça n’était pas si tragique, cela prêterait à rire : « On a gagné ! » est le souriant cri de douleur réitéré par tous les perdants.
L’être humain « apprend la renonciation de soi pour se faire enrôler en femme, nègre, producteur, consommateur, gardien, supporter, bête de somme, victime sacrificielle, prêtre, patron, milliardaire, clochard. Plus ou moins indignement traité, il est toujours interprète d’un rôle où l’individu survit à sa propre absence en se pliant au conformisme, car le monde despotique de l’économie planétaire est formel : ça ne peut fonctionner qu’ainsi. »
STOP ! Justement, non !
Nous sommes au bord de l’abîme mais il reste des façons d’agir, sans attendre. Par contre nous devons le faire rapidement, par une révolution sans armes, pour enfin, au bout du bout devenir un être humain nouveau tel que le décrit Sergio Ghirardi :
« L’homme nouveau ne sera pas un stakhanoviste ni un paysan productiviste, primaire et moraliste. Il sera plutôt un créateur heureux de son inépuisable inventivité dans une complicité renouvelée avec la terre. Il sera l’homme enraciné et mobile d’un pays sans frontières. Humain dans le sens étymologique du terme : union de humus et de main . La prothèse créative de l’homme réunie avec sa matière originelle, la terre vive et féconde. »
D’ailleurs, de ci de là, des groupuscules de gens réinventent la vie.
Mais pas sur le modèle de 1968 où la révolte, aussi intense qu’elle ait été fut relativement vite arrêtée et récupérée pour être vilipendée par les capitalistes qui ont toujours eu les moyens de nous manipuler, de grès ou de force.
« Il faut plutôt descendre de sa voiture et réapprendre à jouir. Recommencer à faire fonctionner son propre corps, avec ses sentiments, son intelligence. Rien ne peut véritablement nous en empêcher sauf notre complicité de serviteurs volontaires. »
Et Sergio Ghirardi insiste que sans le bonheur naturellement retrouvé, une révolution sur la durée n’est pas possible.
« Il est question en pratique, de reprendre le chemin interrompu vers le bonheur que la volonté de vivre nous invite toujours à pratiquer. La vie est belle, mais uniquement en dehors du ghetto économiste. »
Dans son livre, Sergio Ghirardi nous met les points sur les i et nous propose une voie à suivre.
À nous de décider maintenant !

Laurence Warot