Où passe notre argent ?

mis en ligne le 5 mars 2015
1768VoteOù passe notre argent ? Et bien ne cherchez pas, les élus du Conseil régional de Haute-Normandie se charge de le dilapider en subventionnant des projets de développement des entreprises de la région. Il s’agit de permettre à ces entreprises de réaliser des investissements sans trop puiser dans leurs fonds d’investissements. Ainsi, les dividendes versés aux actionnaires ne seront pas trop hypothéqués et l’entreprise continuera à se développer ou pas grâce à l’argent public.
Les trois exemples qui vont suivre montrent à quel point les « élus du peuple » le trahissent en dilapidant l’argent des contribuables en ne respectant pas leurs promesses électorales. Car, à aucun moment, ils n’ont dit dans leurs programmes électoraux qu’ils subventionneraient les entreprises privées (PS, PCF, Écolo et radicaux de gauche), tous complices. C’est bien la preuve que les choix qu’ils font sont des choix de classe. C’est là où, ces grands démocrates sont particulièrement abjects et surtout pas très courageux. Car, ils ne consultent même pas la population. Ils agissent d’une façon autoritaire, ils imposent, décident et ensuite annoncent leurs décisions par voie de presse. Ils ne rendent aucun compte. Ils partent du principe qu’en les élisant, les citoyens leur ont donné tous les pouvoirs. Ils appellent cela la démocratie participative. Concrètement c’est la répartition des rôles : il y a ceux qui votent et qui abandonnent toutes possibilités d’agir à ceux qui usurpent les pouvoirs et agissent contre les intérêts de la majorité des citoyens en reniant leurs promesses électorales.
C’est dans ce contexte que les élus régionaux viennent de voter près de 2,5 millions d’euros de subventions et aides à trois entreprises de la région. Les heureuses bénéficiaires sont : La verrerie Pochet du Courval à Hodeng-au-Bosc, près de Blangy-sur-Bresle en Seine-Maritime qui va bénéficier à hauteur de 500 000 euros de subventions et d’un million d’euros sous forme de prêt à taux zéro. Cette aide financière va participer à l’achat d’un nouveau four qui permettra de doubler la capacité de production de l’entreprise. En contrepartie, elle s’engage à maintenir ses effectifs à hauteur de 823 emplois. On remarquera qu’en doublant sa capacité de production, le patron ne parle pas d’embauches mais uniquement du maintien des effectifs, donc il s’agit d’intensifier l’exploitation des travailleurs et d’augmenter le profit. C’est pourquoi, les travailleurs doivent impérativement être très vigilants car bien souvent après avoir empoché les aides publiques les entreprises mettent en place des plans sociaux en invoquant des difficultés financières. Ce qu’elles taisent c’est la voracité des actionnaires.
La société Vol-Vn Biomasse située à Déville les Rouen qui va créer une unité de méthanisation au Neubourg dans l’Eure. La région va injecter pour cette création la modique somme de 899 000 euros ! Là encore l’entreprise s’engage auprès des élus à créer trois postes pour mener à bien ce projet. Quid de ces trois postes une fois le projet terminé, d’autant qu’elle ne parle pas d’embauche de personnel supplémentaire pour faire tourner cette nouvelle unité.
La coopérative d’utilisation de matériel agricole Cuma Haies’Nergie et Territoires à Cressy en Seine-Maritime va quant à elle engranger une subvention de 40 600 euros pour l’achat de déchiqueteurs afin de faciliter l’entretien des haies bocagères et produire des plaquettes bois qui serviront à alimenter les chaudières biomasses privées ou publiques du territoire. Là encore, il n’y a pas de création d’emploi ;
Afin de poursuivre son soutien et son aide financière aux entreprises, la région s’est s’associée avec la chambre régionale de métiers et de l’artisan de Haute-Normandie. Pour cela, elle a créé une nébuleuse qu’elle a nommée « Bpifrance et Bpifrance financement » une petite sœur de la banque publique d’investissement. Elle sera chargée de prodiguer des conseils en organisation, en gestion et en management « tout un programme ». Ce nouvel organisme économique est mis à la disposition des entreprises pour leur apporter de l’argent public sonnant et trébuchant. Notre argent. C’est ainsi que le Conseil régional a décidé d’abonder de nouveau le fonds régional (en fait Bpifrance) d’un joli pactole qui représente la bagatelle de deux millions d’euros de subventions et d’aides. Elles se répartissent comme suit : 300 000 euros sur la ligne budgétaire subvention, 400 000 euros sur la ligne budgétaire avance remboursable en cas de succès (on remarquera le « en cas de succès » car si il n’y a pas de succès, ces 400 000 euros passeront par la ligne budgétaire pertes et profits !), 500 000 euros sur la ligne budgétaire prêt à taux zéro, et 800 000 euros sur la ligne budgétaire projets spécifiques. Ce même Conseil régional a déjà prévu, d’apporter dans le cadre de son partenariat avec Bpifrance une subvention d’un montant total de 3 850 000 euros, pour l’année 2015.
On peut considérer que cette façon de faire s’apparente à un détournement de fonds seulement, les prévaricateurs au pouvoir sont assurés « pour le moment de l’impunité ». Pour justifier leur hold-up ils s’appuient sur des promesses plus qu’hypothétiques de la part des patrons « la création d’emplois ». C’est là que ces politicards sont au sommet de leurs arts (le mensonge et l’hypocrisie) car ils savent pertinemment que les promesses ne seront jamais tenues. Il s’agit pour eux de mettre en place cette politique de classes en laissant croire que, s’ils subventionnent à coups de millions d’euros le patronat, c’est pour la création d’emplois, donc au bout du compte pour le bien des travailleurs. Seulement cela ne fait pas le compte. En réalité, ils apportent de l’argent comptant aux patrons pour qu’ils puissent investir dans l’achat de matériel, de machines plus performantes pour que ces derniers fassent plus de profits et de bénéfices afin de distribuer encore plus de dividendes aux actionnaires. Les dindons de la farce sont encore une fois les travailleurs car, avec du matériel et des machines plus performantes, les patrons n’embaucheront pas plus, dans la mesure où la machine remplacera l’homme. Bien au contraire, l’investissement en matériel et en machines amènera des licenciements. Car, dans la logique capitaliste le patron préfère investir dans le capital constant (machines, matériels), plutôt que dans le capital variable (les travailleurs). Cela lui permet de diminuer le coût du travail et de réduire les risques de grèves (améliorations des conditions de travail, et augmentation des salaires.)
Ce que je viens de démontrer, les politiciens qui siègent au Conseil régional de la Haute-Normandie ne sont pas sans le savoir, c’est pourquoi en alimentant en millions d’euros le patronat, ils trahissent les travailleurs et se font les complices de ceux qui licencient, exploitent. D’où, l’urgence à ce que les travailleurs et la population prennent leurs destinées en mains.