« François Salsou »

mis en ligne le 12 février 2015
L’Aveyron a donné au mouvement anarchiste de la fin du XIXe siècle deux figures remarquables. L’une bien connue, l’autre ignorée. Émile Pouget et François Salsou naquirent, grâce aux ruses du hasard, à quelques lieues l’un de l’autre et à quelques années de distance. Le vieux Rouergue n’y est pour rien. Ce département de petits propriétaires que l’Église considéra comme terre de mission pour ramener au bercail les âmes perdues du protestantisme, est, en politique, modéré parfois, réactionnaire souvent. Le Bassin houiller d’Aubin-Decazeville avec sa fusillade de 1869 et sa « watrinade » de 1886, est un monde à part qui n’eut que peu d’écho à Pont de Salars, et à Montlaur.
Leur engagement anarchiste, leur passion politique, fut le fait de circonstances : le salarsipontin déclara qu’avoir assisté au procès des acteurs de la commune de Narbonne – à Rodez – était à l’origine de sa prise de conscience. Le Montlaurais, quant à lui, dut sa conversion au rouge et au noir suite à la lecture de La Révolution sociale.
D’Émile Pouget on sait tout. Sa plume parle pour lui. Du Père Peinard à Comment nous ferons la Révolution, de son amitié avec Louise Michel à son action dans la jeune CGT, un matériau abondant est fourni à ses biographes qui nous donnent à comprendre l’engagement du maître des « reflecs ».
François Salsou, lui, est l’anarchiste oublié, auquel seulement quelques lignes sont consacrées dans les éphémérides. On sait qu’il tenta d’assassiner le Shah de Perse en visite à l’exposition universelle de Paris pendant l’été 1900 et qu’il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. On sait aussi qu’il se singularisa, par rapport à ses devanciers, par quelques traits d’originalité qui contribuèrent à son effacement des mémoires et dont le plus surprenant, pour les observateurs de ce 2 août, fut qu’au moment de son arrestation, ce n’est pas le slogan attendu de : « vive l’anarchie ! » qu’il cria, mais un étonnant : « vivent les enfants du Peuple ! ». Cependant on ignore son parcours, sa formation, les influences et les textes qui firent qu’il posa cet acte de « terreur noire ».

Les éditions du Monde libertaire.