Travailleuses… le film

mis en ligne le 13 novembre 2014
Ce film, on pourrait l’utiliser pour en faire un exercice d’arithmétique. Une ouvrière chinoise débutante fabrique 4 000 paires de chaussettes par jour. Un ouvrier chinois expérimenté fabrique 6 000 paires de chaussettes par jour. Un patron emploie 10 ouvrières et 2 ouvriers. Un consommateur occidental achète 4 paires de chaussettes pour 3 euros.
Si le patron vend toute sa production, combien gagne-t-il en un mois, sachant que le nombre de jours travaillés est de 25 par mois ?
Ce film, on pourrait l’utiliser pour combattre le mythe que la classe ouvrière a disparu et pour faire comprendre la mondialisation de l’industrie textile à ceux qui auraient des doutes.
Des vallées vosgiennes aux villages burkinabés ou maliens, des ateliers roumains aux usines chinoises, on constate partout la même exploitation éhontée : pas de pause pour le repas (l’ouvrière chinoise pose son bol sur la machine, l’ouvrière vosgienne mange en marchant), toutes font à longueur de journée des gestes identiques et répétitifs, toutes subissent le bruit des machines à s’en faire péter les tympans.
Mais surtout allez voir ce film pour écouter ces femmes qui racontent qu’elles n’ont guère eu d’autres choix que l’usine, qui évoquent le stress des cadences infernales, qui ont compris que leur indépendance financière passe par la case du salariat, qui rêvent d’un autre emploi, comme être prof de sport ou d’anglais ou ouvrir un commerce de vêtements… Allez voir ce film pour encourager le collectif Images en transit, six artistes qui l’ont réalisé ensemble, en interrogeant des femmes travaillant dans le textile dans cinq pays, la France, la Chine, le Mali, le Burkina-Faso et la Roumanie : Quel travail faites-vous ? Pourquoi ce travail, pourquoi travailler ? Comment voyez-vous l’avenir ?