Météo syndicale

mis en ligne le 6 novembre 2014
Mardi 28 octobre, militantes et militants rassemblés devant le Royal Monceau (dit hôtel de la royale arnaque) en grève n’avaient pas eu connaissance des « révélations » du Canard enchaîné du lendemain. L’annonce de frais considérables pour la rénovation de l’appartement (bien situé à Vincennes) du leader maximo actuel de la CGT a fait grand bruit dans les médias. Fini les masures prolétariennes, embourgeoisement dans les organes dirigeants de la centrale de Montreuil 1 ? On se perd en supputations sur la traçabilité de la fuite : jalousie ou résultats de conflits internes ? À la CGT, Hercule Poirot, Sherlok Holmes sont sur toutes les pistes. On attend l’arrivée de l’inspecteur Gadjet.
Pour en revenir aux grévistes de l’avenue Hoche, elle et ils auraient pu proposer l’occupation d’une suite luxe dans l’hôtel quatari pour l’offrir au dirigeant syndical 2 !
Donc la CGT est un peu handicapée pour déployer une contre-offensive de bon aloi. Ce qui laisse les coudées franches à Force ouvrière, cette dernière mettant les bouchées doubles. Ainsi sa commission exécutive a-t-elle décidé « un rassemblement national Force ouvrière en extérieur à Paris le 16 décembre 2014. Pour la CE il s’agit, avec cette étape de contribuer à tout moment à la construction du rapport de forces nécessaire pour faire entendre les attentes et revendications des salariés actifs, chômeurs et retraités ».
Bon, on aura compris que chacun reste sur son pré carré tout en invoquant de vastes rassemblements. La stratégie dite du cavalier seul, alias atomisation des forces restantes du mouvement social, a prévalu.
Une initiative a été créée, le Collectif alternative contre l’austérité. Cette structure rassemble militance syndicale (CGT, FSU, Sud…) et politique (Front de gauche, PC, NPA), sans oublier le milieu associatif. Leur appel déclare : « Il existe dans le pays une majorité de femmes et d’hommes disponibles pour cette alternative sociale et politique, des forces syndicales, sociales, associatives, politiques, que nous voulons rassembler. Mettre un coup d’arrêt aux politiques en cours, imposer d’autres choix, cela ne peut se faire sans la mobilisation des salarié-es, sans l’intervention citoyenne. » Tout cela a le parfum des bonnes intentions, mais quand les ambitions politiques se mêlent au syndicalisme ça se termine en déconfiture pour la Sociale.
Pour finir, amusons-nous un peu avec un communiqué CFDT-CFTC adressé au personnel civil du ministère de la Défense. Celui-ci déclare, entre autres : « Après cinquante ans de séparation, les fédérations CFDT défense et CFTC défense, en raison de leurs valeurs historiques et des positions similaires en matière de politique de défense, décident dans l’intérêt général et le souci du bien commun face aux enjeux à venir, de réunir leurs forces. » Le tout en toute indépendance politique et… religieuse ! On ne reviendra pas sur le schisme de la CFTC qui il y a cinquante ans a donné naissance à la CFDT. Celles et ceux qui ont été exclu, de la CFDT ou qui ont déchiré leur carte apprécieront !
Donc, en décembre, tout le monde est mobilisé, mais en ordre dispersé, et l’unité syndicale est aux oubliettes.



1. Henri Krasucki habitait rue de Meaux dans le XIXe arrondissement de Paris.
2. La semaine dernière un médiateur a été nommé. Affaire à suivre.