Et pour quelques mesurettes de plus

mis en ligne le 26 juin 2014
On s’y attendait, et c’est désormais confirmé : le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé que l’accord sur l’assurance chômage serait bel et bien agréé. En vue d’apaiser la colère des intermittents du spectacle en lutte depuis plusieurs mois, il a dans la foulée précisé que le différé d’indemnisation – l’une des raisons de la colère – ne serait pas appliqué au 1er juillet et que l’État financerait cette non-application à hauteur de 90 millions d’euros. Mesure transitoire, n’a-t-il pas manqué de préciser… Enfin, avec la voix du sauveur suprême, il a aussi tenu à rassurer les intermittents et les employeurs du spectacle que le budget pour la création et le spectacle vivant serait maintenu en l’état jusqu’en 2017. Merci papa, mais ça ne suffira pas ! D’autant que, parallèlement à l’annonce de ces mesurettes, le Premier ministre s’est dit résolu à « se donner les moyens d’une vraie refondation » du statut des intermittents. Ce pour quoi il a mis en place une commission composée d’Hortense Archambault (ex-codirectrice du Festival d’Avignon), de Jean-Denis Combrexelle (ex-directeur général du Travail) et de Jean-Patrick Gille (député PS, médiateur du conflit). Derrière ladite refondation se cache, bien sûr, une volonté de vider ce statut particulier de tout ce qui pouvait être favorable aux travailleurs du spectacle. D’emblée, début 2014, le Medef l’avait dit : il faudra « enclencher une dynamique de réduction des dépenses », et, pour ce faire, « des efforts supplémentaires devront être engagés à terme ». La couleur est annoncée, le gouvernement achète déjà les pots de peinture.
Des mesurettes, donc, qui ne changent qu’à peine le contenu de l’accord signé en mars dernier par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CGT-FO. Qui plus est, le gouvernement n’a fait aucun cas des propositions portées auprès du ministre par les intermittents grévistes. Du coup, la CGT-Spectacle a d’ores et déjà annoncé qu’un préavis de grève serait déposé pour le 1er juillet. « L’épée de Damoclès est toujours là, c’est une manœuvre pour passer l’été. On est très déçus, et très en colère », a déclaré Denis Gravouil, le secrétaire général du syndicat. Mais, au final, autonomie du mouvement social oblige, ce seront les assemblées générales d’intermittents qui décideront localement si, oui ou non, ils se mettront en grève. La grosse crainte de la bourgeoisie et du gouvernement étant l’annulation du Festival d’Avignon, grand pourvoyeur de fric.

Win Chester