Météo syndicale

mis en ligne le 15 mai 2014
Pierre Gattaz ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnait. Le Canard enchaîné révélait mardi que le patron du Medef avait perçu, en tant que directeur général de l’entreprise Radiall, une rémunération en hausse de 29 % en 2013. Soit la modique somme de 420 000 euros. Ce qui ne l’a pas empêché, toute honte bue, de lancer la veille, en tant que représentant du patronat, un appel à « la modération salariale » et à l’exemplarité. Furieux des révélations du journal satirique, il a donc pris la plume pour se justifier sur son blog. « Quand on crée de la richesse, on la distribue », ose écrire le chef du patronat. Drôle de lecture marxiste, quand on sait que, sur la même période, les salaires de ses employés n’ont augmenté que de 3,3 % alors que les dividendes octroyés aux actionnaires ont grimpé de 76 %. « Il y a un moment où chacun doit être responsable : on ne peut pas demander la baisse du smic, voire sa suppression, et en même temps considérer qu’il n’y a pas de salaire maximal », a réagi hier François Hollande.
« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui », disait Augustin Spies, anarcho-syndicaliste américain, condamné à mort et pendu le 11 novembre 1886 à Chicago. Diable, c’est ce qu’on pouvait lire le 29 avril dans les colonnes du quotidien « sans faucille ni marteau ». Les origines du 1er Mai somme toute bien relatées dans un journal qui a moult fois torpillé idéologiquement le mouvement libertaire, voilà qui donne du grain à moudre à notre scepticisme légendaire ! Plus loin, dans le même article de L’Humanité (ben disons-le !) : « Vous qui ne craignez pas de faire massacrer les ouvriers et de jeter en prison des membres de la CGT sous prétexte d’entrave à la liberté du travail, nous vous demandons ce que vous allez faire devant les menaces du syndicat patronal de Vallauris ! » Là il s’agit de Léon Morel, secrétaire général de la Bourse du travail de Nice dans une lettre de septembre 1908 au président du Conseil, Georges Clemenceau, après le lock-out des ouvriers potiers. En ce début du XXIe siècle, dans le sud-est de la France les déclarations de la CGT ne sont plus sur le même sujet. Ainsi, dans le Vaucluse, avant les élections municipales, les préoccupations syndicales étaient autres, au moins pour la CGT : « L’UD CGT a été informée hier que certains camarades encourageaient le vote FN dans certaines communes et feraient du prosélytisme pour un parti d’extrême droite dont nous condamnons les idées et le programme social et économique. Le Front national est aux antipodes des valeurs de progrès social et de vivre ensemble que prône la CGT. » Ce qui était vrai pour les municipales n’a pas dû s’arranger pour les européennes… Le mouvement syndical se mobilise dans sa désunion et Gattaz fait la une des médias !