De l’organisation et de la grève générale

mis en ligne le 24 avril 2014
« Ouvriers, conservez le plus grand calme. Si vos souffrances sont grandes, soyez héroïques et sachez les supporter encore ; lisez avec attention ce que le journal L’Internationale dit aux ouvriers du bassin de Charleroi, tout cela est bon à apprendre pour nous. Écoutez, enfin, le sage conseil que nos frères belges nous donnent : “Que nos frères de Suisse patientent encore quelque temps ! Comme nous, ils sont obligés d’attendre que le signal de la débâcle sociale arrive d’un grand pays, que ce soit l’Angleterre, la France ou l’Allemagne. En attendant, continuons à grouper en faisceaux toutes les forces du prolétariat, aidons-nous le mieux possible dans les maux que l’état actuel nous fait subir, et surtout étudions la solution des grands problèmes économiques qui se poseront devant nous au lendemain de la victoire, cherchons comment nous pourrons le mieux procéder à la liquidation de l’ancienne société et à la constitution de la nouvelle.” Patientez, patientez, “il viendra, le jour de la justice” ; en attendant, serrez vos rangs et fortifiez votre organisation.
Les nouvelles concernant le mouvement ouvrier européen peuvent se résumer en un mot : grèves. En Belgique, grève des typographes dans plusieurs villes, grève des fileurs à Gand, grève des tapissiers à Bruges ; en Angleterre, grève imminente dans les districts manufacturiers ; en Prusse, grève des mineurs de zinc ; à Paris, grève des plâtriers-peintres ; en Suisse, grèves à Bâle et à Genève. À mesure que nous avançons, les grèves se multiplient. Qu’est-ce à dire ? Que la lutte contre le travail et le capital s’accentue de plus en plus, que l’anarchie économique devient chaque jour plus profonde, et que nous marchons à grands pas vers le terme fatal qui est au bout de cette anarchie : la révolution sociale.
Certes, l’émancipation du prolétariat pourrait s’effectuer sans secousses, si la bourgeoisie voulait faire sa nuit du 4 août, renoncer à ses privilèges, aux droits d’aubaine du capital sur le travail ; mais l’égoïsme et l’aveuglement bourgeois sont tellement invétérés qu’il faut être optimiste quand même pour espérer voir la solution du problème social d’une commune entente entre les privilégiés et les déshérités ; c’est donc bien plutôt des excès de l’anarchie actuelle que sortira le nouvel ordre social.
Lorsque les grèves s’étendent, se communiquent de proche en proche, c’est qu’elles sont bien près de devenir une grève générale ; et une grève générale, avec les idées d’affranchissement qui règnent aujourd’hui dans le prolétariat, ne peut aboutir qu’à un grand cataclysme qui ferait faire peau neuve à la société.
Nous n’en sommes pas encore là, sans doute, mais tout nous y conduit. Seulement, il faut que le peuple soit prêt, qu’il ne se laisse plus escamoter par les parleurs et les rêveurs, comme en 1848, et pour cela il faut qu’il soit organisé fortement et sérieusement.
Mais les grèves ne se suivent-elles pas si rapidement qu’il est à craindre que le cataclysme n’arrive avant l’organisation suffisante du prolétariat ? Nous ne le croyons pas, car d’abord les grèves indiquent déjà une certaine force collective, une certaine entente chez les ouvriers ; ensuite, chaque grève devient le point de départ de nouveaux groupements. Les nécessités de la lutte poussent les travailleurs à se soutenir d’un pays à l’autre et d’une profession à l’autre ; donc, plus la lutte devient active, plus cette fédération des prolétaires doit s’étendre et se renforcer. Et alors des économistes à la vue étroite viennent accuser cette fédération des travailleurs, représentée par l’Association internationale, de pousser à la grève et de créer l’anarchie !
C’est tout simplement prendre l’effet pour la cause : ce n’est pas l’Internationale qui crée la guerre entre l’exploiteur et l’exploité, mais ce sont les nécessités de la guerre qui ont créé l’Internationale. »

L’Égalité du 3 avril 1869



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


razlebol

le 7 septembre 2014
l ouvrier est museler par le crédit a la conso en 36 nos anciens n était tenu que par la faim et le besoin de partage les richesses c était (plus facile) . Dorénavant ils nous font peur avec leurs huissier ect...... comment convaincre tous les ouvriers a ne plus être les dindons de la farce financière comment? la plupart en on raz le bol et arrive au travail dégoûte plus motivés mais li y a les traites a payer ! que faire pour être convainquant?