Nouvelles des fronts

Gros ballons d’essai, os à ronger ou menaces réelles sur quelques acquis ? Assedic, c’est reparti, selon la conjoncture (on a tout de suite compris) atteinte aux droits : réduction de la durée d’indemnisation, baisse des allocations, dégressivité, conditions d’accès plus drastiques, augmentation des cotisations (y compris pour les agents publics contractuels), suppression du régime des intermittents du spectacle déjà mobilisés. En bref, relance du pouvoir d’achat de la misère. Hollande, social quoi a-t-il affirmé publiquement ? Social-traître, sans aucun doute… Et la CGT, grosse mollassonne depuis des années, fait semblant d’avoir des muscles. Poudre aux yeux ! Quant à la CFDT, toujours prête à négocier, à signer et, elle aussi, à trahir. Qui, d’ailleurs, en attendrait autre chose depuis qu’elle a ravi le polo jaune de FO ? Autre ballon des sots, le gel des primes et de l’avancement des fonctionnaires. Ou comment se tirer une balle dans le pied à l’approche des élections, puis recul stratégique jusqu’aux européennes, mais dans cent jours on en recause… Il convient, en effet, de taxer les privilégiés et, en particulier, les catégories « C » dont le royal traitement voisine avec le smic.
Côté patrons, c’est pas la fête. François Pérol, le pote à Sarko bombardé à la tête de Banque populaire-Caisse d’épargne, mis en examen pour prise illégale d’intérêts et le Gauthier-Sauvagnac qui écope de trois ans de placard dont un ferme et 375 000 euros d’amende pour avoir géré la fluidité sociale à coup de milliers d’euros tirés de la caisse noire de l’IUMM-Medef. On peut parier que ces deux-là, dotés de bons avocats aux ordres, d’appel en appel, échapperont aux poursuites de la justice de classes. L’un pour ne pas mouiller son maître ès magouilles, l’autre pour ne pas avoir balancé les heureux bénéficiaires de ses largesses. Épuration, mon cul, comme en 1945 !
Côté ménage, pourtant, ça y va. Natexis, justement, 700 suppressions de postes d’ici à 2015, Pérol aura été blanchi comme de l’argent sale. Après Aulnay, 684 chez PSA à Poissy, 180 chez le fabricant d’autocars Carrier en Normandie, entre 230 et 397 chez le bijoutier ardéchois GL, 30 % des emplois en danger à Boulogne-sur-Mer dans la transformation du poisson. Ailleurs, ça se confirme, 1 200 à La Redoute, 600 chez Fagor-Brandt, 2 800 chez Mory Ducros où l’infâme CFDT a fait caner une section combative pour 30 deniers (9 000 euros de prime aux crucifiés). Huit embauches sur dix en CDD et 100 000 emplois en intérim détruits en deux ans, mais Gattaz, serein, envisage des contreparties. Quant au pire, il est à venir : 30 000 à 40 000 emplois menacés dans le secteur associatif sur 1,8 million suite à la baisse des budgets des collectivités locales (dotations, subventions, marchés à la baisse). Une baisse du service aux administrés et un plan social invisible au moins jusqu’aux élections. Après, mains libres aux élus, sauf pour 65 salariés de Aides déjà licenciés qui ont ouvert le bal.
Côté baston, ça riposte ici ou là, mais toujours sans coordination. Contrôleurs aériens contre la déréglementation, chauffeurs de taxis contre dumping des VTC, salariés de l’entrepôt Logista à Lognes, grève pour une prime chez Lesieur où ça manque d’huile dans les RH, grève chez Sanofi pour les salaires sur le site Marly, grève dans le nettoyage chez Laser pour protester contre des conditions de travail épouvantables, grève au Parisien de moins en moins libéré et, bien sûr, à Libération prêt à être bradé, vendu à la découpe et transformé en marque d’infamie capitaliste. Préavis de grève dans l’Est à la SNCF où tout fout le camp.
Ailleurs, c’est du pareil au pire. Italie, Electrolux aspire 40 % des salaires de ses 5 700 ouvriers et brandit le gourdin de la délocalisation en cas de refus. Au Canada, fermeture de la Poste envisagée par les conservateurs, 55 000 emplois en jeu. Afrique du Sud, 25 % de chômeurs officiels. Espagne, un tiers des enfants frappés de pauvreté. 200 millions de chômeurs dans le monde et 45 000 migrants ont risqué leur peau en 2 013 pour traverser la Méditerranée et se retrouver en camp de rétention.
Mais qu’on se rassure du côté des salauds tout va bien. Les résultats de Goldman Sachs ont progressé de 6 % en 2 013 (soit 7,7 milliards de dollars), les ventes d’armes de la France de 31 % (4e rang des tueurs légaux). 1 % de salopards détiennent la moitié de la richesse mondiale… Pérol et autres Sauvagnac ont encore de beaux jours devant eux ! À moins que… lors de la manifestation du 18 mars contre le pacte de « responsabilité », ça déborde de la marmite ! I have a dream.