La lutte des classes n’est pas une chimère

mis en ligne le 23 janvier 2014
Les directeurs de la production et des ressources humaines (DRH) de l’entreprise Goodyear d’Amiens Nord ont été retenus (ils disent « séquestrés »), le 6 janvier 2014, (pendant une journée et demie), par les travailleurs de l’usine, en colère. Il y a de quoi, ils protestent contre le plan de fermeture de l’entreprise, car ils veulent renégocier le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi).
Ces deux drageons (un drageon est une pousse qui naît sur la racine d’une plante ou d’un arbre ; elle est stérile et pompe la sève, ce qui empêche la plante ou l’arbre de se développer normalement), certes, ont perdu de leur superbe. Mais ils ont toujours les mufles écumants de rage et de mépris envers les travailleurs. En s’adressant à la presse, ils se lamentent sur leur « pauvre sort » et n’hésitent pas à dire qu’ils sont maltraités, insultés, humiliés…
Mais, comme l’on dit chez moi, c’est un juste retour des choses. N’ont-ils pas, pendant des années, exploité, humilié, maltraité, pressuré, insulté les travailleurs. N’ont-ils pas employé la violence, pour aujourd’hui les jeter comme des malpropres à la rue ? Alors, quoi de plus normal qu’à la violence patronale les travailleurs répondent par la violence ? Un peu de respect, Messieurs, vis-à-vis de ceux qui ont fait votre richesse et qui continuent de vous engraisser. Je trouve que ces derniers font preuve à votre égard de beaucoup de mansuétude en vous laissant vos téléphones portables, en vous donnant à boire et en vous permettant de parler à la presse.
Comme si se coltiner l’engeance patronale locale ne suffisait pas, voilà Maurice Taylor, l’Américain, bouffi d’un orgueil titan… esque et dédaigneux envers les travailleurs, qui pointe le bout de son groin pour les insulter et les menacer de toute sa haine. Le 7 janvier dernier, sur Europe 1, il a qualifié la séquestration des deux directeurs de Goodyear de « kidnapping » et rappelle qu’aux États-Unis c’est un crime sérieux qui peut valoir la prison à vie.
Mais, nom de Dieu, qu’il y reste aux États-Unis, des leçons et des insultes de sa part, nous n’en avons pas besoin. Nous avons nos donneurs de leçons et nos sangsues, et cela nous suffit largement. La veille, ce gangster de haut vol avait déjà déversé toute sa bile et son venin, sur RTL, en suggérant aux travailleurs de Goodyear de faire des hold-up dans les banques françaises, comme cela, ils pourraient racheter leur entreprise. Il sait de quoi il parle.
Effectivement, c’est ce que fait ce triste personnage et la mafia patronale (avec l’argent qu’ils volent aux travailleurs). Ils pratiquent chaque jour un racket sans nom et en toute impunité.
Car, c’est avec cet argent volé qu’il prétend racheter l’usine d’Amiens et envoyer les 1 300 salariés à Pôle emploi. C’est ainsi que ce Monsieur la Vertu et ses comparses à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession, escroquent les travailleurs. Ils payent la journée de travail à chaque salarié, mais oublient de payer la force de travail collective qui intervient et est nécessaire à la production des biens et des marchandises. Ce n’est ni plus ni moins que du vol capitaliste et c’est ce que Proudhon appellera « l’erreur de compte ». Ce hold-up qui perdure depuis des centaines d’années est la source principale de la richesse de tous les bourgeois et patrons milliardaires.
Alors, Monsieur Maurice, « l’Américain », si, comme vous le dites, chez vous, le kidnapping est passible de la prison à vie, j’ai le plaisir de vous dire que le vol, en France, est également passible de prison. C’est pourquoi, toi et tes acolytes qui, de par le monde, exploitez sans vergogne les travailleurs, vous pourriez être condamnés à rembourser les sommes volées, le jour où les travailleurs se libéreront de leurs chaînes. Une fois débarrassés des drageons stériles et inutiles que vous êtes, qui leur sucent le sang, les empêchent de s’émanciper et de prendre possession de leur outil de travail, les travailleurs devront impérativement vous couper les vivres et confisquer tous vos biens et vos fortunes malhonnêtement acquis.
Il s’agira également de vous faire trimer comme vous nous avez fait baver afin que vous remboursiez tout ce que vous nous avez volé, si tant est que cela soit possible. Ce serait un juste retour des choses. Ce conflit chez Goodyear à Amiens Nord est la démonstration que la lutte des classes est une nécessité. Il ne faut donc pas s’étonner si, face à la violence patronale et politique, les travailleurs répondent par la violence et déclenchent la grève, l’occupation de leur usine et, pourquoi pas, la séquestration de leurs tortionnaires.
À l’instant où je termine cet article, je viens d’entendre que les deux drageons de Goodyear ont été libérés par la police. À peine libérés, les faquins n’ont pas traîné, ils ont porté plainte pour dégradations, vols, séquestration et mise en danger des personnes et des biens. Ce qui démontre, une fois de plus, la collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir patronal. Ils sont indissolublement et intrinsèquement liés. Non, la lutte des classes n’est pas une chimère, les travailleurs la subissent de plein fouet et elle est d’une extrême violence.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Anomime

le 5 février 2014
À la radio on a aussi pu entendre «Les frères ouvriers». Histoire de deux frères, l'un chez Goodyear, l'autre chez Dunlop. Très instructif. http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-les-freres-ouvriers-r-2014-01-08

Dans ton texte tu écris «la démonstration que la lutte des classes est une nécessité». J'avoue que depuis cette phrase me tourne un peu en boucle dans la tête. Tu voulais surement dire la lutte du prolétariat ? Plus loin tu écris cependant «Non, la lutte des classes n’est pas une chimère, les travailleurs la subissent de plein fouet et elle est d’une extrême violence». Je n'ai donc aucun doute sur ce que tu voulais dire. Sinon j'avoue bien vouloir une explication.