Météo syndicale

mis en ligne le 7 novembre 2013
« La CGT, forte de ses 5 millions d’adhérents, dispose des moyens nécessaires pour faire respecter les engagements pris. Au lieu de s’orienter dans cette voie, la seule conforme aux traditions du syndicalisme lutte de classes, elle pratique une politique de compromis et d’abandons successifs, facilitant la contre-attaque patronale et désamorçant les syndiqués qui ne demandent qu’à agir collectivement pour défendre leurs droits. »
Ces quelques lignes tirées du manifeste du Cercle syndicaliste lutte de classes (janvier 1937) auraient pu être écrites en ce moment avec la rectification du nombre de syndiqués ! 1
En fait, la comparaison s’arrête là, on serait même au-dessus du niveau de la question minimum syndical… Pas de Front populaire et une gauche au pouvoir qui alterne couleuvres et détournements de fonds du social. Au niveau syndical, particulièrement pour les boutiques représentatives, ça ne dépasse pas les déclarations d’intention. Sur le terrain, on peut dire qu’il y a tout et son contraire.
Prenons les camarades de Goodyear, à Amiens, qui avant les vacances faisaient monter la pression et refusaient en bloc les projets de reprise venus d’outre-Atlantique. Aujourd’hui, après la visite du camarade ministre Montebourg, tout est envisageable et la CGT ira à Canossa ! Là où on l’attendait le moins, la reculade syndicaliste montre la realpolitik des municipales dans le Nord comme ailleurs.
Pourtant, si on prend par exemple le texte d’introduction au débat du comité général de la Filpac-CGT (livre, papier, communication), ça tape fort : « Il fallait bien chasser Sarkozy, mais Hollande l’a remplacé chou pour chou. Sitôt élu, il s’est débarrassé de son étiquette de gauche. Il n’a pas fallu un an pour que le mythe de la troisième voix entre libéralisme et politique de gauche s’effondre… » Donc, « la fracture entre les classes populaires et la majorité en place est le fruit de cette politique délibérée ». D’accord, le gouvernement n’est pas au niveau, mais main dans la main avec son parti, le PS, pour les municipales, c’est autre chose ? La main gauche ignore donc ce que fait la main droite ?
Combiner action syndicale avec velléité politique tient souvent du grand écart. Pendant que la direction de PSA présente un « nouveau contact social » qualifié de d’« accord de compétitivité au top de la régression » et non paraphé par la CGT et la CFDT 2, Arnaud Montebourg taille la bavette avec le Medef. Il y défend sa vision de « l’alliance des Français autour de leur appareil productif », cela veut dire qu’il faut faire bloc derrière les patrons pour limiter les coûts de la production. Sale temps pour le syndicalisme, toutes tendances confondues !






1. Le cercle syndicaliste et lutte de classes regroupait des anarchistes, des pivertistes et des ex-minoritaires de la CGTU. Il était une alternative concrète à la CGT-SR qui ne ralliait pas l’ensemble des libertaires. Son journal, « lu et discuté », était Le Réveil syndicaliste.
2. FO, CGC, GSEA et CFTC ont signé.