Retraite : une nouvelle réforme et quelques questions

mis en ligne le 9 octobre 2013
1718NeitherGodL’actuel président de la République prend les patins de son prédécesseur. Les mesures diffèrent mais la logique est la même : l’augmentation du nombre de trimestres pour percevoir une pension à taux plein pour Hollande, le report de l’âge du départ à la retraite pour Sarkozy. La justification de ces mesures est la même : « Nous vivons plus longtemps donc nous devons travailler plus longtemps. » La voilà la grande idée rabâchée à longueur de discours politiques, relayés complaisamment par les médias, mais qui n’est pas sans poser quelques questions.
Sommes-nous sur terre pour bosser jusqu’à notre dernier souffle ?
Pourquoi les citoyens devraient-ils accepter de vivre dans l’unique but de gagner de l’argent pour payer les crédits de la maison et de la voiture, et pour tout transformer en objet de consommation (but désormais ultime de l’existence) ?
N’y aurait-il pas une alternative à cette vie d’efforts et de sacrifices vers la quête de biens matériels ? Pourquoi considérer comme fatale la poursuite des activités professionnelles jusqu’à 62, 63, 64 ans et bientôt 70 ans, et plus si affinités ?
Parmi les contestataires de cette évolution, pourquoi n’entendons-nous pas assez clairement l’affirmation d’une autre vision de la vie ?
N’y a-t-il pas suffisamment de raisons de revendiquer le droit d’être payé sans travailler ?
L’être humain n’a-t-il pas d’autres désirs à satisfaire ?
La société ne devrait-elle pas se donner pour objectif de réveiller les rêves qui sommeillent en chacun d’entre nous ?
Le champ des activités dégagées de tout esprit mercantile, guidées par le sens du partage, n’est-il pas assez large ?
N’est-ce pas plus enrichissant d’accorder une immense partie de son temps à des domaines aussi variés que la musique, la littérature, la sculpture et bien d’autres arts (pas seulement comme consommateur mais en tant qu’acteur, créateur chacun à son niveau comme il le sent) ; à donner de son temps à ses proches à titre individuel ou dans des associations ou flâner pour méditer ou pour simplement profiter du temps qui passe ?
Et pourquoi toutes ces questions ne se poseraient qu’une fois atteints les 60 ans ?
Où sont les théories économiques de la gauche des années 1970, dite révolutionnaire, assurant que deux heures de travail par jour suffiraient pour le développement de la société et des besoins des hommes (si bien sûr les profits n’étaient plus accaparés par les patrons) ?
C’est à se demander si tous les partis politiques traditionnels de la gauche contestataire et les syndicats ne s’accommodent pas du système et si l’opposition à la nouvelle réforme des retraites ne sera pas une fois encore, que de pure forme ?

Hervé Roveili