Météo syndicale

mis en ligne le 10 septembre 2013
On en a causé pendant les vacances et c’est passé à la trappe : l’hospitalisation du secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon. Un moment, langues et « tweeters divers » se sont agités : intervention cardiaque programmée depuis longtemps ou désir d’être absent à la rentrée des débats avec l’exécutif ?
Dès la dernière semaine d’août, le Premier ministre a reçu ce qu’on appelle en ce XXIe siècle les « partenaires sociaux ». Comme de bien entendu, la CFDT a été tête de gondole le lundi 26 août, les autres boutiques syndicales ne se bousculant pas au portillon ; quant aux organisations patronales, leur silence peut laisser croire que la chose est bien engagée à leurs profits. D’où notre interrogation au début de ces lignes… Le débat syndical sur la retraite sera comme il y a quelques mois. La CFDT courant se jeter dans les bras du Medef, et CGT-FO formant le bloc oppositionnel, cela restera-t-il pour des lustres ? Si on a bien compris, l’actuelle direction de la CGT (marchant dans le sillon déjà tracé par Bernard Thibault…) freine de quelques fers et rejoindrait in facto son « tandem maudit » avec la CFDT *. Pour l’instant on ne cause plus d’autonomie syndicale, le « spectre de l’anarcho-syndicalisme » est au placard, le syndicalisme tout court aussi.
Les universités d’été de gauche et d’ailleurs ont été à la une, ancrant dans les esprits que la solution à la crise passait par la case « électorat du Front de gauche ». Se réunir ça et là sur fond d’insatisfactions populaires et laisser des miettes au syndicalisme semble être le message politique. Fin juin, il y avait d’autres avis. Ainsi Thierry Lepaon regrettait qu’« il n’y ait plus de lieu officiel où l’on peut discuter des rémunérations dans notre pays. On a le sentiment aujourd’hui que parler salaire devient presque une insulte à la nation ».
Mais reprenant les chemins léninistes, il y a en ce moment des dysfonctionnements dans la courroie de transmission. L’« ogre dirigeant » Front de gauche diverge sur la position à adopter vis-à-vis du Parti socialiste, faut-il être docile et compréhensif ou… objectif ?
Un coup d’œil dans le rétroviseur : en 1851, le duc de Morny, ministre de l’Intérieur, déclarait : « Le repos du dimanche est nécessaire à la santé et au développement intellectuel des classes ouvrières. » Diable (sic), autorisation pour le prolétariat de se reposer pour célébrer le Très-Haut en engluant ainsi les jeunes revendications ouvrières ? Il faudra attendre longtemps pour que les aumônes octroyées par le capital dépassent la messe du dimanche !
Aujourd’hui où on oublie tout ce qui vient des luttes ouvrières, faudrait-il qu’on se contente de l’éditorial de La Nouvelle Vie ouvrière du 22 août : « Car ils sont inquiets les maîtres argentiers du monde, ils redoutent l’explosion sociale qui nuirait gravement à leur santé et à la compétitivité de leurs placements boursiers. » Voilà qui aurait plu à Pierre Monatte !






* Dans ce que les médias appellent « le dossier explosif des retraites ». Nous saurons après, ce qu’il en est réellement. Dire que les carottes sont cuites est certes un peu trivial, mais…