Météo syndicale

mis en ligne le 20 juin 2013
« Garder l’attention du public loin des véritables problèmes sociaux en le captivant par des sujets sans importance réelle. » Une des clés de la désinformation pour mieux activer le miroir aux alouettes et désamorcer les révoltes souligné par Noam Chomsky dans Armes silencieuses pour guerres tranquilles. Certes, quotidiens, gazettes, sans oublier les médias électroniques, nous inondent de nouvelles passionnantes sur les varices de chanteurs caméléons ou de sportifs sur le déclin. Mais il n’est souvent pas besoin de trier dans ce qu’on nomme la « presse people »…
Ainsi, le prétendant pressenti à la charge suprême du Medef, organisation de classe du patronat français ! Comme nous l’avions laissé entendre (sic !) Pierre Gattaz est assuré de la victoire lors de l’AG du 3 juillet. Ses deux concurrents, Patrick Bernasconi et Geoffroy de Bézieux, se sont ralliés à son panache blanc. Comme quoi les réunions informelles comme les tractations politiques, ça marche fort et tous azimuts. Bon prince, le fils de l’ex-Lider maximo du CNPF accorde aux deux outsiders les postes de vice-présidents ! Une bonne place pour croquer dans le fromage des richesses récupérées sur le monde du travail.
Donc, le tapis rouge est déroulé dans moult médiats. Telle une vedette du showbiz, le seigneur Gattaz est décrit à la façon d’une image d’épinal, à l’ancienne. « Fils d’un ancien patron des patrons », « chaleureux et simple », « de la vieille droite industrielle et paternaliste », pour lui le patron est « un héros des temps modernes ». Ah, il faut bien redoré le blason des dynamiteurs du Code du travail. Rideau sur le triumvirat !
Revenons à la réalité quotidienne de celles et de ceux qui ne vivent qu’avec leur virement ou chèque de fin de mois. Comme l’écrivent les retraités CGT parisiens : « Le résultat d’une négociation est avant tout le résultat d’une mobilisation. » Celle-ci a un goût pas trop convaincant, chaque boutique syndicale déclinant sa propre adaptation aux choses, faisant ainsi (le comble pour une organisation syndicale ?) de la realpolitik.
L’intersyndicale des cheminots (CGT, SUD Rail, CFDT, Unsa) fait bloc contre la réforme de la SNCF, mais quid au-delà d’une journée de mobilisation ? Pour résister au passage à la moulinette du système de retraite, on attend encore des signes d’une riposte unitaire. Les assises citoyennes de dimanche dernier « pour changer de cap » sont-elles une bonne réponse ? Pour relancer une machine électoraliste de gauche peut-être, pour un réveil syndicaliste, on en doute grave ?