Météo syndicale

mis en ligne le 23 mai 2013
« L’Alliance non seulement ne craint pas et ne regrette pas l’indignation de la bourgeoisie provoquée par les grèves, mais, au contraire, la désire pour réveiller, dans la bourgeoisie comme dans la classe ouvrière, la conscience de leur incompatibilité, avec, comme résultat inévitable, l’absolution de la bourgeoisie. » Il s’agit, bien sûr, d’une déclaration de l’Alliance, machine politico-subversive animée, entre autres, par Bakounine dans la fin des années 1860 1. À l’époque, il y avait des divergences au sein de l’Internationale, de la Fédération romande. Une circulaire avait même mis en garde contre le « recours abusif aux grèves tout juste bonnes à “exciter la haine de la haute bourgeoisie” » !
À quoi bon, encore une fois, ressortir de vieux trucs rappelant certaines positions proudhoniennes ? Bien que dans cette époque post-sarkozyenne au goût plus qu’étrange et où (au moins dans les déclarations) les directions syndicales ne craignent plus de souffler sur les braises de la colère, il faille être toujours sur ses gardes.
Et ne pas oublier que Laurence Parisot, il y a peu, trouvait charmant de faire la causette avec les représentants de la CFDT et de la CGT 2. Elle les trouvait ouverts au dialogue et garants d’un avenir social à sa guise. La suite, heureusement, lui prouva que non, la faute aux syndicalistes ruant dans les brancards. On aurait peut-être préféré un réflexe syndicaliste unitaire.
On s’est bien moqué, y compris dans ce journal, des déboires de succession au Medef. Mais quand beaucoup d’idées patronales sont dans les cerveaux des pouvoirs publics, il y a du mouron à se faire. À Matignon pour les retraites, la première organisation à être reçue fut la patronale, Medef et CGPME des petites et moyennes entreprises. Au menu : allongement de la durée de cotisation et report de l’âge légal en plats principaux !
Dans le fond du tableau, on oublie ce que l’on a appelé le « scandale de l’UIMM » (Union des industries et des métiers de la métallurgie). Ça causait de la caisse noire de l’organisation patronale qui « arrosait » les partenaires de la vie sociale… On ne sait toujours pas qui des syndicats et à quelle hauteur. Le renvoi en correctionnelle de ce procès avait été décidé en août 2012. La suite reste dans le flou… Et pourrait éclairer notre lanterne sur bien des aspects de la vie syndicale ! En attendant de renverser la marmite.



1. La chose avait fait les choux gras des partisans du socialisme de caserne. Alors que c’était une simple « fraction antifraction » !
2. Les oppositionnels de la CGT trouvaient aussi que Bernard Thibault voyait bien souvent Nicolas Sarkozy.