Assez de tromperies et de vols

mis en ligne le 3 avril 2013
Assez de tromperies et de vols ! Lorsque s’est achevée la dictature assassine et liberticide du général Franco (appuyée, bien sûr, par tous les pouvoirs oligarchiques de l’État espagnol), les secteurs qui avaient porté et soutenu au pouvoir ce personnage, comptant sur l’alliance de la gauche institutionnelle, menèrent le pays vers un régime de monarchie parlementaire, supposé être comparable au régime qu’avaient les pays du dénommé « monde occidental » : nous allions vivre dans un pays heureux avec des droits et des libertés.
Cependant, la dure réalité s’est imposée. Et nous avons constaté que tout cela n’était qu’un enfumage. Tout était recouvert d’un vernis de supposée liberté de parler et de voter et ce avec absolument tous les gouvernements qui se sont succédé depuis (UCD, PSOE, et PP) ; le peuple qui habite ce que l’on nomme Espagne n’a fait que perdre les droits, le pouvoir d’achat et la dignité conquis au cours de plus de cent cinquante ans de luttes qui ont coûté sueur, malheurs, prison, exil, torture et mort. Les gouvernements de ce régime réussirent en grande partie à annihiler la capacité de riposte combative des classes populaires, en imposant des lois restrictives qui légalisaient l’oppression et l’exploitation.
Tout n’a été qu’une tromperie : en réalité le seul « droit » qu’ils octroyèrent fut celui de voter dans des élections qui ne servent à rien et qui supposent un autre mensonge sur lequel les secteurs puissants de cet État appuient leur domination.
Et c’est ainsi qu’aujourd’hui nous nous retrouvons avec un régime en décomposition et embourbé. Son degré de putréfaction a atteint le point d’exaspération : absolument toutes les institutions sur lesquelles repose ce système sont corrompues. Le vol, légal ou illégal, est permanent de la part de ceux qui détiennent le pouvoir politique et économique. Les puissants ne s’inquiètent plus car ils savent tous qu’il ne va rien leur arriver, que la prison c’est pour les pauvres, et qu’en dernier recours leurs situations sont défendues par la police et l’armée. Les aristocrates, les banquiers et les chefs d’entreprises volent, c’est leur fonction, et la caste politique, avilie, les imite du mieux qu’elle peut, les aidant à spolier (nous ne citerons que quelques exemples, les affaires Urdangarín-Famille royale, Bankia-Rato, Díaz Ferrán, Arturo Fernández, Gürtel-Bárcenas, les centaines de milliards d’euros donnés par l’État à la banque, l’immense corruption politico-patronale, etc.). Et, pendant ce temps-là, nous supportons leurs réformes du travail et leurs privatisations qui les enrichissent encore plus, les fastes et les gaspillages de leurs fêtes et de leurs ripailles, leurs mesures anti-ouvrières qu’ils justifient en disant qu’il n’y a pas d’argent dans le pays : une insulte supplémentaire…
L’outrage fait au peuple travailleur est immense et atteint des niveaux insupportables pour des dizaines de millions de personnes. Ils nous ont transformés en robots qu’il faut pressurer pour que eux puissent conserver leurs luxes et leurs vices… Et nous sommes beaucoup à nous demander : que pouvons nous faire ?
En nous référant à l’anarchisme social et organisé, nous proposons quelques idées :
– pas un vote pour les politiques et leurs homologues ;
– retirer notre argent de leurs banques ;
– organiser des collectifs autogérés de producteurs et consommateurs ;
– participer aux mobilisations qui défendent la vérité et nos droits basées sur l’égalité, la liberté et la solidarité entières ;
– insoumission et désobéissance à toutes les lois et décrets injustes ;
– ne pas accepter ni un licenciement ni une expulsion de plus ;
– opposition frontale au dépouillement organisé et à la dégradation de nos conditions de vie et de travail ;
– utiliser la grève et le boycott comme outils de défense et d’attaque ;
– prendre ce qui est à nous, c’est-à-dire : tout ;
– nous réunir au sein de groupes et organisations horizontales, sans hiérarchie, où le pouvoir des uns sur les autres n’existe pas, et qui ne sont dépendants financièrement ni de l’État ni des capitalistes.
À partir de là, nous pourrons récupérer notre dignité en tant que peuple, et avancer vers une révolution sociale intégrale qui transformera cette société corrompue en une société d’êtres libres et égaux.

Groupe Tierra
de la Fédération anarchiste ibérique