Météo syndicale

mis en ligne le 7 février 2013
Au début du siècle dernier, dans les rangs du syndicalisme français (la toute jeune CGT, les Bourses du travail) s’affrontaient, verbalement, partisans du syndicalisme révolutionnaire contre adeptes du socialisme politique 1. Ces derniers étaient alors, tout le monde l’admet, faibles et divisés. La révolution russe vint, en 1917, consolider les idées de Lénine qui voulait assujettir le monde du travail à une avant-garde organisée dans un parti politique.
En voilà une découverte : ce n’est pas aux lectrices et lecteurs du Monde libertaire que l’on va apprendre tout ça… Mais on oublie souvent que pour celui qu’on appelle bêtement « l’homme de la rue » 2, le syndicat n’a, au mieux, qu’un rôle défensif (en aucun cas porteur d’une nouvelle société !), donc celles et ceux qui tranchent, qui décident, sont dans les partis politiques…
La dernière mésaventure de Goodyear à Amiens est un exemple d’école. Cinq années de lutte avaient empêché la fermeture de l’usine, mais depuis deux ans la voie juridique avait été préférée à la pure action syndicale. Ajoutez à cela les joutes électorales autour de la présidentielle et vous aurez découvert sans efforts le sempiternel miroir aux alouettes 3. Patatras, bien trop à l’avance Le Courrier picard s’était permis d’annoncer : « Goodyear proche de l’épilogue. » Pour sortir de la nasse il faudrait une lutte syndicale interprofessionnelle incluant la population d’Amiens et des environs. Mais organiser la résistance, la riposte au niveau d’une Union locale n’est pas, à l’heure actuelle, dans la stratégie de la CGT française.
Quant au fédéralisme dans le mouvement syndical, il est encore à reconstruire.








1. Est-il besoin de préciser que le terme « anarcho-syndicaliste » n’arriva que bien après, dans les années 1920.
2. S’il faut faire cultivé on peut dire (en latin) vulgum pecus, c’est-à-dire : les ignorants, la masse, le commun des mortels…
3. En 2011, François Hollande était venu « en voisin » sur le parking de l’usine… Il avait évoqué, sans le nommer, les diverses promesses de Nicolas Sarkozy, mais comme lui, il sait promettre que demain on rase gratis ! Jospin avait déclaré, lui, que l’État ne pouvait pas tout, certes… mais bloquer juridiquement des licenciements, si.