Nouvelles des fronts

mis en ligne le 13 décembre 2012
Les « vieilles » confédérations sont toujours d’excellentes courroies de transmission malgré des apparences trompeuses et elles ne sont pas aussi détendues qu’on nous le laisse penser. à preuve, à Montreuil le fauteuil de la CGT revient toujours à un membre du PCF, peut-être atypique mais néanmoins au PC, qui dans cette succession mouvementée ne lâche rien. On peut se demander d’ailleurs quels furent les gages donnés par le futur secrétaire général de la centrale à la vieille garde du Colonel-Fabien. Quant à la CFDT, c’est redevenu curé et compagnie de Jésus. Leur bon Berger (c’est son nom, il fallait oser) a été, de 1992 à 1994, secrétaire général de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), ce qui laisse penser que le nouveau SG est sans doute un chantre (je n’ai pas dit chancre) de l’association du Capital et du Travail très prisée chez ceux qui se revendiquent d’un christianisme « social ». En bref, dans les deux plus importantes organisations syndicales, les vieux appareils sont toujours à la manœuvre. Ce qui implique le maintien de la doctrine « sociale » de l’église, de l’état et du parti, le maintien, en d’autres termes, des impasses du passé qui préparent les culs-de-sac de l’avenir. à quand un Pouget pour botter le cul à toute cette racaille partenariale ?
« Fleur ange », ça sent la mort dans la vallée, des lys blancs sur le cercueil d’acier des hauts fourneaux. La CGT nationale n’a pas élevé le ton, la CFDT n’a pas agité son goupillon et c’est le glas de la trahison qui a résonné sur la Fensch… « On prend possession de l’usine », ont répliqué les syndicalistes… chiche, mais pour quoi faire ? Des canons, des lampes de mineurs, des tire-bouchons ? Mittal n’en a rien à cirer de quelques centaines de métallos lorrains, il s’apprête à en virer plus de 26 000 en Ukraine, c’est autrement plus excitant !
Mittal n’est pas le seul à avoir à sa solde des liquidateurs de tout compte, le journal Sud-Ouest sacrifie 180 emplois, l’équipementier automobile Faurecia prépare dans l’est une charrette de 3 000. Alcatel supprime en France 934 postes, comme d’hab « basés sur le volontariat », et 4 000 autres dans le monde, SFR réduit son effectif de 856, là encore des « volontaires ». Candia boit du petit lait et dégage 313 vaches à plus-value, quand PSA à Rennes prépare un dégraissage, comme ils disent, de 1 400 emplois… et l’on dénombre dans le même temps 30 000 travailleurs « low-cost » (estimation basse), donc sans droit, dont un grand nombre venus des pays dits de l’Est. Abaisser le coût du travail, ils en ont rêvé et ils le font, et en plus ils gagnent un jackpot de 20 milliards d’euros en cadeau. Bon d’achat pour le Medef sans que ça gêne plus ça que le parti et le goupillon car c’est pour la bonne cause… la relance de l’économie et le maintien de l’exploitation.
Quant à la riposte, ça barbotte, après une journée nationale foireuse en novembre dernier, quelques mouvements brefs et disparates comme à l’accoutumée. Grève à l’Afpa pour éviter le naufrage ; dans les services municipaux parisiens contre la précarité et pour la titularisation de 1 500 contractuels ; dans les Caisses d’allocations familiales où l’on croule sous les dossiers en retard, ce qui a des effets néfastes sur les conditions de travail et la satisfaction des usagers pour lesquels les allocs sont souvent essentielles pour organiser la survie. Grève sur le Transilien (SNCF) contre la suppression de deux postes d’aiguilleurs et action directe au congrès des maires, où se sont invités les salariés de PSA Aulnay… en bref des échauffourées toute symboliques, comme la marche des chômeurs à Paris le 1er décembre.
De bonnes nouvelles aussi quelquefois, Vinci condamné suite à la mort d’un ouvrier exposé à des inhalations de vapeurs de bitume, le premier d’une longue série de procès face à un cancer du travail trop longtemps nié. Aubry, mise en examen pour blessures et homicides involontaires dans le dossier de l’amiante, et l’ancien chef du patronat espagnol, mis en prison pour détournement de fonds et blanchiment d’argent. à quand les responsables des caisses antigrève du Medef ?
Ailleurs, ça cogne aussi, 160 emplois liquidés chez Zynga un éditeur de jeux nord-américain, 2 400 chez Dow Chemical qui ferme 20 usines, 11 000 à Citigroup, histoire de faire 1,1 milliard d’économie. Iberia crash 4 500 emplois, soit le quart de son effectif… La Fensch, vraiment une toute petite rivière dans un océan de chômage et de profit. Chômeurs par millions, dans la France de l’égalité proclamée, antivols dans les supermarchés sur les paquets de viande, un Français sur cinq qui renonce aux soins de santé faute d’argent et de mutuelle, 23 % de jeunes sont reconnus comme pauvres et 60 % de chômeurs parmi les jeunes d’outre-mer. Itou en Espagne avec ses 9 millions de sans-emploi et en Grèce avec un taux officiel de 26 % de chômeurs… Cerise sur la misère, environ 70 % des travailleurs dans le monde n’ont pas d’assurance chômage, qui n’existe que dans 72 pays sur les 198 suivis par l’OIT (Organisation mondiale du travail). Mais un jour la Chine (100 000 conflits sociaux en 2011) ou le Bangladesh (10 000 manifestants à Adhulia) et d’autres pays s’éveilleront, et là, Nicolas, on verra que la Commune n’est pas morte !