Tentative de lutte à PSA : ambiance

mis en ligne le 13 décembre 2012
Tout commença par une grève surprise de l’atelier peinture déclenchée à quelques jours de l’annonce officielle de la fermeture de l’usine par 18 ouvriers en équipe A, 14 autres en équipe B. Ça stoppa l’usine. Personne n’avait vu venir cette grève organisée essentiellement par des intérimaires. La CGT, noyautée par Lutte ouvrière (LO), encore moins. Au fil des événements qui suivirent, l’attitude de ces derniers devint de plus en plus suspecte auprès de certains ouvriers.
Les propos d’un militant de LO lors d’une réunion de la CGT, et rapportés après coup par un des participants, contribuèrent encore plus à la suspicion grandissante. Faut dire que le militant n’y avait pas été de main morte, dans sa réponse à ceux qui proposaient d’utiliser le quasi-blocage de l’usine pour aller vers la grève totale le 12 juillet, comme beaucoup le suggéraient dans les ateliers… Réponse du trotskiste : « Ça arrangera le patron que l’usine soit à l’arrêt ! Si les ouvriers de Continental ont pu faire la grève non stop, c’est qu’ils étaient payés pendant deux ans ! Ici, c’est des actions ponctuelles qu’il faut faire ! » Les staliniens étaient copiés au-delà de leurs espérances. La conclusion du secrétaire du syndicat à la fin de la réunion en fait foi : « Pour le 12, on verra ce que décident les ouvriers ! »
Cependant, tout ça n’empêcha pas une manifestation sauvage organisée par la poignée de grévistes de l’atelier peinture. « Ne ratez pas le train de la grève… Après il sera trop tard ! » gueulaient ceux qui passaient sur les chaînes du ferrage. Mais, à part un petit nombre, personne ne prit le train en marche. Ce qui permit à LO de déclarer que la majorité ne suivait pas les grévistes de l’atelier peinture. Il faut dire que, au montage, des militants de LO avaient déjà tout fait pour dissuader les débrayages de soutien qui voulaient descendre en peinture. Ils firent de sacrées pantomimes pour ça.
Malgré tout, le courant de sympathie était bien réel dans les ateliers où il n’était pas rare d’entendre des réflexions comme : « À 18, ils font ce qu’on devrait faire à 3 000 ! ils ont des c…, en plus c’est pratiquement que des intérimaires ! » Et même – les cadences tournant au ralenti grâce au blocage peinture – des choses plus sarcastiques encore du genre : « Le boulot se fait à présent dans la joie et la bonne humeur, sauf pour ceux qui ont les yeux rivés vers la peinture : direction et Lutte ouvrière compris ! »
Ayant eu vent de tout ça, les grévistes de l’atelier peinture préférèrent se faire épauler par SUD Auto qui organisa, à la sortie de l’usine, une collecte de soutien pour payer les jours de grève. Cette initiative fut bien perçue par les ouvriers. Ils y virent là une manière de maintenir la pression et de préparer au mieux la riposte alors que l’annonce officielle de la fermeture de l’usine était imminente.
Les seuls qui ne virent pas ça d’un bon œil furent bien sûr les militants de LO, qui n’en démordaient pas et répétaient que, si les ouvriers avaient voulu soutenir les peintres, ils auraient fait grève avec eux.
Le SIA, syndicat jaune, écrivit par ailleurs dans un tract ce que LO racontait tout bas dans les ateliers : « Les peintres de la cabine en grève, à vous de juger ! La majorité silencieuse s’interroge : à qui profite le blocage de la production ? »
Au final, les grévistes finirent par rendre les armes. Avec les honneurs, malgré tout. à seulement deux poignées par équipe et malgré les bâtons dans les roues que leur ont flanqué LO et le SIA, ils obtinrent, suite aux négociations, douze heures de grèves payées, les contrats des 10 intérimaires grévistes prolongés jusqu’à janvier 2013. Avec ça, ils restèrent tous soudés et, pour eux pas de doute, ils avaient bien vu sur qui ils pouvaient compter.
À présent, aux autres ouvriers de comprendre, eux aussi, qu’ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes.
Le lendemain, l’annonce de la fermeture de l’usine en 2014 était officialisée. Le cynisme avec lequel fut annoncée la nouvelle par les chefs dans les réunions fut sans limites. Pour preuve, ils accordèrent jusqu’à 10 heures pour que les ouvriers se remettent du choc et appellent leur famille. L’ignominie alla encore plus loin : 1 500 personnes seraient reclassées à Poissy, 1 500 autres dans le bassin des alentours d’Aulnay-sous-Bois. La stupeur, la consternation régnaient. Pourtant, tout le monde savait que le coup de massue final restait à venir. Les imbéciles qui croyaient les chefs qui disaient que l’usine ne fermerait jamais les croiront-ils quand ils diront que personne ne restera sur le bord du chemin ?
Ces questionnements des salariés, ainsi que le contexte syndical évoqué au début de cet article, sont pour moi les clés permettant de comprendre où l’on en est arrivé actuellement à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. Cela fera l’objet d’autres articles à venir.

Silien Larios



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


pepucho

le 2 février 2013
Salut camarades.

Quand on sait que le leader de la grève est mon camarade LO Jean Pierre Mercier, et que tout ce qu'il dit et fait contredit tout ce que vous racontez, on mesure combien le mensonge et la calomnie (car c'est bien de cela dont il s'agit), qui sont habituellement les armes de la direction de PSA font florès, y compris dans les têtes des anars. Mais, bon, comme d'hab, quand il s'agit de dégommer des Trotskystes...
En tout cas, les camarades, eux, n'ont qu'une idée en tête, s'est répandre la grève, au delà de PSA, et la grève qui à lieu en ce moment le prouve bien. J'ose espérer que vous êtes du nombre des grévistes, et que vous vous dépensez sans compter pour convaincre les autres travailleurs de rejoindre la grève, parce que c'est bien cela le principal, non?
Un militant LO, qui vous donne ses salutations fraternelles.