Un pique-nique citoyen

mis en ligne le 13 septembre 2012
Alors que le clown américain continue sa colonisation économique par le biais de ce que certains appellent encore de la nourriture, certains citoyens ont décidé de marquer le coup à leur façon en organisant un pique-nique.
L’organisation de cet événement n’est officiellement confiée à personne. Volonté, de fait, de ne mettre personne ni aucune organisation militante ou politique en avant. Là, on retire tout égo pour mettre en avant l’acte symbolique.
Sur place, dans la vallée de l’Eure, des tables sont installées et, au fur et à mesure, des plats divers remplissent le vide et des discussions effacent le silence. On se rencontre, on échange.
Quelques médias sont venus et, si une radio annonce la présence d’une trentaine de personnes, à 20 heures, ce sont presque 150 individus qui finissent par être réunis.
Des personnes de la mouvance associative uzètienne, mais aussi des touristes passant par là et qui, attirés par la convivialité, découvrent des idées et des goûts différents. Ce qui a attiré certaines de ces personnes, c’est, entre autres, la mise en avant d’une nourriture locale et de qualité, le lien social, la contestation face à une multinationale, la présentation d’une nourriture végétarienne, etc.
Quant à la « petite boutique de l’horreur » alimentaire, elle mise son coup de pub sur l’emploi. Évidemment, vu le chômage, ça marche. Reste à savoir, quand on met une éthique de vie en avant, si on a envie de bosser là-dedans. Dans ce cas-là, pour beaucoup, la faim justifie les moyens…
Quant à l’éthique, le capitalisme sait surfer avec, et voilà le triste clown qui met également en avant l’écologie et le bio dans ses menus ! On pourra utiliser le terme adéquat « se refaire la façade », car ce n’est rien d’autre qu’une façade, quand on connaît son fonctionnement dans d’autres pays.
Pour l’anecdote, de source sûre, puisqu’elle vient du principal intéressé : les managers de cette boutique vendent de la merde, mais ils ne veulent pas la manger. Ils ont demandé à un chef cuisinier, militant pour Slow Food, d’organiser le repas d’inauguration ! Inutile de vous dire que cela fait bien rire !
Pour en revenir au pique-nique, on pourra peut-être, en tant que militant, regretter un manque d’engagement à long terme pour construire une alternative à l’un des symboles de la colonisation économique. Une prise de conscience est toujours bonne à prendre, mais la construction d’une lutte est toujours plus jouissive, c’est là que l’individu est plus que jamais vivant. Quand il montre sa capacité à créer et à s’organiser dans une lutte à long terme. À ce sujet, le boulot ne manque pas !
Des questions syndicales se posent, d’hygiène de vie alimentaire, de nourriture locale, de colonisation, de déforestation, de végétarisme et bien d’autres questions que peut soulever un mode vie construit par et pour le capitalisme.
Alors ? À nous de jouer !

Tristan, groupe Gard-Vaucluse de la Fédération anarchiste