Donc, préparons les prochaines élections

mis en ligne le 21 juin 2012
– Il est fou ! Les législatives 2012 viennent de s’achever et il veut préparer les prochaines ? Qu’est-ce qu’il fait dans les colonnes du Monde libertaire !?
– Euh… de la politique, non ? Alors on présente qui aux prochaines présidentielles ? On se fait des primaires ? Et aux législatives 2017, combien de candidat(e)s pour porter nos idées ? Et aux régionales, aux cantonales ?
– Mais compagnon, t’as rien compris ! Élections piège à cons/Abstention !/Autogestion !
– Si, si, j’ai compris. Mais il semble que les électeurs ne l’aient pas tous compris, eux. Et comme ce sont eux qui m’intéressent, quoi qu’ils votent ou ne votent pas, que ce sont eux sur qui je compte pour changer les choses, je prépare la suite des événements.
– Tu ne vas pas participer à cette mascarade ?!
– En 1789, tu n’aurais pas participé aux États généraux ?
– Euh… peut-être, mais depuis, nous avons l’expérience de la démocratie bourgeoise, nous n’avons rien à gagner à ce jeu-là.
– D’accord, allez, j’arrête ma provoc', ce que je veux dire, c’est que nous devons anticiper sur les événements, du moins ceux qui font partie d’un calendrier, pour élaborer une stratégie. Nous pouvons imaginer que la situation économique se dégradera dans les mois et années à venir, que la « gauche » ne rompra pas avec ses habitudes gestionnaires, qu’elle se discréditera aux yeux de nouvelles générations. Certains n’attendent que cela pour apparaître tels des sauveurs. Nous savons que d’autres élections auront lieu. Qu’ils les utiliseront pour cristalliser à leur profit le mécontentement. Nous savons cela d’avance. Donc on fait quoi ? Quelle alternative ? Avec qui commençons-nous à l’élaborer, comment nous adressons-nous à tous ceux qui peuvent se retrouver dans la dénonciation des inégalités, la trahison des politiciens, l’urgence de produire, de consommer, de vivre en société autrement ? Quels autres modèles démocratiques mettons-nous en avant, expérimentons-nous ? Il s’agit d’être, osons le mot : pédagogue. Chaque événement, chaque lutte, chaque erreur, etc., deviennent des occasions de marquer des points, d’éclairer les rouages du système, de dévoiler ses faces cachées. Et les élections en font partie. Le monde des militants paraît parfois intemporel, quand les principes se figent en dogmes, et les postures immobilisent la pensée. Je me souviens d’une organisation trotskiste qui, au nom des futurs États-Unis socialistes d’Europe, se refusait à dénoncer les traités de Maastricht et suivants pour ne pas faire le lit du nationalisme, du souverainisme. Ou qui défendit jusqu’à la fin les acquis de l’État ouvrier bien que dégénéré de l’URSS… Ne sourions pas, nous avons tous notre lot de schémas qui obscurcissent la compréhension des événements en cours. Et ce sont ces schémas qui nous empêchent d’influencer les gens, ceux qui font partie du monde qui bouge. Et qui se refusent à monter dans un radeau qui fait du surplace. Donc, on présente quoi aux prochaines élections ?
– Tu recommences !
– Non ! Tu crois quand même pas que je veux que l’on aille mendier 500 signatures pour présenter un ou une candidate… J’ai dit : « On présente quoi ? » Comment on utilise les élections pour prouver qu’un autre fonctionnement est possible ? Comment on oppose à leurs calculs un idéal, des pratiques, des interventions, médiatisées, qui prouvent à la fois leur petitesse, leurs trahisons, les intérêts qu’ils défendent ? Comment arrive-t-on à les ridiculiser, eux, à perturber leurs scénarios, à les déstabiliser, et à apparaître nous comme porteurs d’idées autrement plus rationnelles, efficaces et démocratiques ? C’est maintenant que nous devons y réfléchir, alors que les souvenirs électoraux sont encore dans nos mémoires. Je collecte vos critiques et idées. Écrivez à Rodkol (arobase) netcourrier.com