« On a été le cauchemar de Sarkozy. S’il le faut, on sera le tien. »

mis en ligne le 31 mai 2012
Lors de la campagne électorale présidentielle, les luttes contre les fermetures de sites et les licenciements se sont fait entendre : les Fralib, ceux d’Arcelor-Mittal ou les salariés de PSA venus manifester devant le studio du débat Sarkozy-Hollande. Tous les candidats, quelles ques soient leur obédience ont été invités ou se sont invités sur les lieux où les médias les attendaient. Sarkozy et Besson ont, de leur côté, fait jouer leurs relations, histoire de calmer les plus revendicatifs. Pendant la campagne, donc, des plans sociaux ou des procédures de fermeture de site ont été reportées ou annulées. Mais la défense de l’emploi a été remarquablement absente de la campagne pour la présidentielle, au-delà des grands discours de principe. Elle va revenir au premier plan dans les semaines à venir même si d’autres élections vont encore, n’en doutons pas, paralyser le combat social. Pendant que les Arcelor-Mittal, PSA, Petroplus, la Fonderie du Poitou et quelques autres étaient médiatiquement gérés, d’autres salariés perdaient leurs emplois sans le moindre recours, dans des procédures de ruptures conventionnelles ou lors de licenciements économiques.
Hollande et Montebourg (le ministre du Redressement productif – sic) affirment qu’il n’est pas question de pratiquer la même politique de cas par cas. Ils affirment qu’une loi permettant aux tribunaux de commerce de chercher un repreneur pour toute société menacée de fermeture et de l’imposer à son propriétaire s’il n’a pas trouvé lui-même d’acheteur, serait dans leurs cartons. Cela permettrait de sauvegarder les entreprises rentables mais inscrites dans des restructurations par des groupes internationaux (si tant est qu’une loi arrête un patron).
Le deuxième axe serait constitué par des systèmes d’aide à l’investissement : création d’une banque d’investissement, doublement du plafond du livret de développement durable à côté des dispositifs Oséo ou Fonds national d’amorçage, censés venir en aide aux PME.
À l’évidence, ces mesurettes ne sont pas à la hauteur des enjeux économiques et sociaux. Le nouveau président a multiplié les promesses aux Français mais il s’est aussi employé à rassurer les marchés, laissant ainsi craindre qu’il saurait, comme ses prédécesseurs, faire payer au peuple les crises financières. Arnaud Montebourg, quant à lui, a indiqué, en prenant ses fonctions au gouvernement, qu’il voulait «ouvrir des discussions tous azimuts» avec les dirigeants des entreprises qui menacent de fermer des sites en France. Mais « il se peut que nous encaissions des échecs », a-t-il reconnu. Ce qui laisse rêveur sur la volonté et la combativité des socialos.
On n’en est pas à l’expropriation des patrons des grands secteurs de l’industrie comme l’énergie, l’automobile ou la sidérurgie, ni à l’interdiction des licenciements. Dans les semaines qui viennent, la politique de destruction d’emplois va prendre une nouvelle ampleur. De Carrefour à Arcelor en passant par SFR, la Fnac ou Technicolor, des dizaines de milliers d’emplois sont menacés. Plus que sur les vagues promesses de Hollande, c’est sur les luttes qu’il faut compter pour empêcher les désastres sociaux annoncés. Les difficultés sont grandes. À General Motors, PSA ou Arcelor, les salariés se sont fait balader depuis des mois ou des années par des directions qui prennent le temps de mettre en œuvre leurs plans en limitant les réactions. Un sentiment d’impuissance renforcé par l’inconstance des propositions de mobilisation ou leur prise en charge réelle par les fédérations ou confédérations syndicales. Il est évident que rien ne se fera au cas par cas ni boîte par boîte. Pas plus que le changement de société, la préservation des emplois ne passera par les urnes ou les lois. C’est seulement par la lutte sociale que nous pourrons obtenir de réelles avancées. Juste pour rappeler à Hollande qu’il est urgent de partager les richesses, et non de « tranquilliser la City ».
Dernièrement, la nouvelle ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, originaire de Moselle et fille de syndicaliste métallurgiste, était en visite sur le site d’Arcelor-Mittal, promettant que tout serait fait pour garantir la pérennité du site. Les sidérurgistes l’ont toutefois mise en garde : «Si Arnaud Montebourg déconne, on t’appellera pour lui rappeler qu’on existe. On a été le cauchemar de Nicolas Sarkozy. S’il le faut, on sera le tien. »
Soyons leur cauchemar.