Fralib aux mains de la CGT !

mis en ligne le 24 mai 2012
« L’entreprise est désormais sous contrôle de la CGT », affirmaient vendredi 11 mai dernier les salariés de Fralib en occupant à nouveau le site de Gémenos. « Les salariés de Fralib ont repris pleine possession de leur usine et de leur outil de travail, outil que nous avons toujours affirmé protéger pour permettre la mise en œuvre de notre solution alternative », continuaient-ils. Nous l’avions vu dans un précédent numéro du Monde libertaire, la justice a récemment validé le nouveau plan social que souhaite établir le groupe Unilever pour l’usine de Gémenos. Depuis, fort de ce feu vert, la direction cherche à déménager les outils de travail pour fermer définitivement le site. L’occupation a donc été décidée par les grévistes afin d’empêcher les cols blancs de mener à bien leur projet. Et ce d’autant que le nouveau président a promis, s’il était élu, de sauver Fralib, sans doute en appuyant l’alternative proposée par les salariés, à savoir la reprise de l’affaire en coopérative. Il faut donc gagner du temps car une fois l’usine démontée, il n’y aura plus rien à sauver…
Mais la direction n’entendait pas en rester là et, mercredi 15 mai, elle envoie une bande de grosses brutes armées de « cannes de combat » pour tenter de mettre un terme à l’occupation en créant un climat de violence qui serait défavorable aux salariés devant les tribunaux. La présence d’une caméra de France 2 les fera néanmoins déguerpir au dernier moment, avant qu’ils ne puissent s’adonner à leur triste besogne. Ce n’est pas la première fois que la direction paye des nervis pour intimider et provoquer les grévistes : en novembre 2011, ils avaient envoyé cinq grévistes aux urgences et les pompiers avaient dû intervenir à deux reprises.
Le lendemain, jeudi 16 mai, le tribunal de grande instance de Marseille ordonne l’expulsion des grévistes pour le 1er juin, laissant ainsi un peu de temps aux deux parties pour mener des négociations et trouver une sortie de crise « consensuelle ». En tout cas, les salariés de Fralib n’entendent rien lâcher : « Nous avons laissé ici du sang et de la sueur et il n’est pas question de lâcher quoi que ce soit après bientôt six cents jours de lutte, et surtout pas de laisser partir ou détruire notre outil de travail », déclarait Gérard Cazorla, secrétaire CGT du CE.
Pour l’heure, les grévistes attendent surtout une intervention du nouveau gouvernement dans lequel ils placent bien des espoirs. À tort ? Pas forcément, ce recours étant désormais, dans l’immédiat, la solution la plus favorable aux salariés. Les prochains jours nous diront s’ils avaient ou non raison. En attendant, ils continuent de travailler ensemble sur leur projet de création d’une société coopérative ouvrière de production dont ils vont bientôt présenter le business plan. L’occupation dure toujours, donc, et, pour l’occasion, les travailleurs ont baptisé l’endroit « Espace de liberté, de fraternité et de travail ».