Météo syndicale

mis en ligne le 29 mars 2012
Au début du siècle dernier, on parlait d’une crise à la CGT 1. Que faudrait-ildire aujourd’hui ? Avec le taux de syndicalisation le plus bas d’Europe, CFDT, FO, CGT, Sud et autres arrivent-ils vraiment à être au-dessus du niveau de la mer ? Malgré toutes les critiques, même celles des antisyndicalistes « pur jus », force est de constater que oui. Pas seulement dans les grèves qui surprennent les touristes… Dans nombre d’autres pays européens, la syndicalisation n’est pas un acte individuel. La cotisation, dans les pays scandinaves par exemple, est prélevée directement sur la fiche de paye. La grève est pratiquement assimilée à un crime. On dira qu’il y a, en France, une tendance qui va dans ce sens, mais ça ne date pas d’hier. De toute façon, on ne liquide pas les syndicalistes comme en Espagne dans les années 1920.
Syndicalisme d’accompagnement ou de revendications, le débat a toujours été là dans le mouvement ouvrier français. Ajuster les deux n’est pas chose aisée mais pour ce faire il faut que le syndicalisme soit indépendant de l’État et des partis politiques.
En ce moment, c’est là que le bât blesse. Pour parler d’elle, la CGT ne donne pas de consignes de vote, mais laisse des secrétaires de syndicats se prononcer pour le candidat de l’union de la gauche. À quoi bon cet effet d’annonce ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que la Charte d’Amiens, « laborieux compromis », est passée aux oubliettes.
Jean Allemane (1843-1935), typographe et communard, fondateur du PSOR (Parti socialiste ouvrier révolutionnaire) puis militant à la SFIO, déclarait : « Je donne priorité absolue au syndicalisme. Pas question de se subordonner à un parti politique. Nous sommes des hommes de terrain. » La leçon du barricadier de 1871 a visiblement été oubliée !

Torrent Impétueux




1. Au début de la CGT, nombre de dirigeants étaient emprisonnés. Des syndicats de la confédération, qualifiés de « réformistes », plaçaient des pions pour prendre le contrôle de l’organisation. Ajoutez à cela le conflit « rampant » avec les Bourses du travail, on aboutira, après la Première Guerre mondiale, à la scission de la CGTU. Mais ceci est une autre histoire…