Syndicalisme courageux et corporatisme répressif

mis en ligne le 8 mars 2012
Dans un précédent numéro du Monde libertaire, nous évoquions la grève et le blocage du navire Le Corse, à Marseille, en février dernier. Initiée par des marins CGT de la SNCM, cette action entendait protester contre l’ouverture, par la compagnie Corsica Ferries, d’une ligne directe Toulon-Bastia qui, à terme, risque de « mener à la perte de la SNCM et des 4 000 emplois qui lui sont rattachés » 1. La justice, qui n’en est pas à sa première courbette devant le patronat, avait tranché le conflit en déclarant la grève illégale et en autorisant la direction de la compagnie à faire appel aux flics pour déloger ces insolents syndicalistes. Prenant acte, celle-ci s’est empressée de faire appel à ses chiens de garde préférés qui, plus que jamais zélés, ont débarqué dans la foulée. La suite, vous la connaissez.
On en serait sans doute resté là, mais la direction de la SNCM s’est mise en tête de torpiller la CGT, véritable épine dans le pied de ses ambitions antisociales. Peu après le délogement des grévistes, sept d’entre eux ont été mis à pied pendant sept jours. Quant au délégué syndical Frédéric Alpozzo et au secrétaire du CE Marcel Faure, ils sont tous d’eux en procédure de licenciement pour « faute lourde ». Comme le peu de droit du travail l’exige, les demandes de la direction doivent encore être validées par l’inspection du travail avant d’être effectives. L’affaire est donc à suivre, avec l’espoir que l’inspection ne courbera pas l’échine devant le patronat.
Si du côté de la CGT SNCM on se mobilise contre le capital et ses affidés, les pseudo-syndicalistes de FO Pénitentiaire restent les gros beaufs réactionnaires qu’on connaît malheureusement trop bien. S’en prenant à l’harmonisation des prix des cantines en prison, le « syndicat » s’est fendu d’un tract haineux – intitulé : « On baisse le froc pour la racaille ! » – dans lequel elle s’indigne contre la « distribution des produits aux voyous à des prix dérisoires ». « Racaille », « voyous », mais aussi « crapules », ce sont sous ces doux sobriquets que FO Pénitentiaire parle des détenus. À l’entendre, et ce n’est pas la première fois, le « syndicat » aimerait voir les conditions de vie des prisonniers empirer, comme si la réalité carcérale n’était pas déjà suffisamment insoutenable. Face à ce genre de tract, le bon vieux slogan « Les prisons en feu, les matons au milieu » reprend tout son sens… Heureusement que certaines confédérations syndicales – comme la CNT – sauvent encore l’honneur de l’idée syndicaliste en refusant de syndiquer les flics, les gardiens de prison et autres professionnels de la matraque et de l’enfermement.

Johnny Caramelo


1. L’Humanité, édition internet du 27 février 2012.