Les imposteurs

mis en ligne le 23 février 2012
Donc, le directeur de l’aéroport de Limoges, licencié la semaine dernière, serait un imposteur. Faux CV, pas les qualifications requises, beau costard et présente bien, baratine et embrouille qui veut bien l’écouter. Il prétendait avoir participé à toutes les dernières guerres comme pilote de chasse. Quel culot ! Scandaleux ! Inadmissible ! Il a été viré illico presto.
Beau costard, parle bien, semble s’y connaître, sourire commercial… Vous en avez déjà croisé plus d’un : celui qui va vous refourguer une bagnole pourrie mais que vous remercierez, convaincu d’avoir fait la bonne affaire.
Beaux costards, parlent bien, ils vous ont vendu, depuis des années, LE système économique parfait : « Il n’y a pas mieux, tout le monde s’y enrichit, nous allons toujours vivre mieux, consommer plus, c’est le bonheur assuré pour vous et votre petite famille. N’allez surtout pas voir ailleurs, c’est forcément moins bien ! » Et puis, voilà que le système a le hoquet, puis des soubresauts, il fume un peu et se déglingue, vous laisse sur le bord du chemin. Et devant vous, il y a plein de gens qui continuent, persuadés d’être dans le meilleur système possible, celui qui ne tombe jamais en panne, aussi sûr qu’une centrale nucléaire française.
Puis la catastrophe arrive : le système idéal était un mirage, une utopie. Par millions, il nous broie, nous jette, nous considérant comme une simple variable dans le graphique de la course aux profits.
Arrivent de beaux costards, parlant bien, sourires commerciaux, qui veulent vous vendre leurs solutions. Ils savent comment réparer le système. Sur leurs CV, ils ont fait de grandes écoles de gestion, ils savent compter, mais ils protègent les banquiers, les financiers. Sur leurs CV, il est écrit qu’ils parlent et agissent en notre nom, au nom de la Communauté européenne. À l’époque, ils l’ont vendue, l’idée européenne, avec l’argument qu’il n’y aurait plus de guerre… « L’Europe, c’est la paix. » Et c’est quoi exiger une baisse de 20 % sur les salaires minimums grecs (le portant à 600 euros bruts, soit 480 nets) et les geler pour trois ans ? Les autres salaires ayant déjà perdu de 30 à 50 %. Les retraites complémentaires étant baissées de 15 %. La malnutrition fait des ravages parmi les enfants de l’école primaire, la faim fait son apparition, surtout dans les grandes villes du pays dont le centre est désormais occupé par des SDF misérables, affamés et en haillons. Le chômage atteint désormais 20 % de la population et 45 % des jeunes (49,5 % pour les jeunes femmes). Les services publics sont liquidés ou privatisés avec comme conséquence que les lits d’hôpitaux sont réduits (par décision gouvernementale) de 40 %, qu’il faut payer très cher même pour accoucher, qu’il n’y a plus dans les hôpitaux publics de pansements ou de médicaments de base comme de l’aspirine. L’État grec n’est toujours pas capable, en janvier 2012, de fournir aux élèves les livres de l’année scolaire commencée en septembre passé. Le nombre de tentatives de suicide s’accroît à une vitesse hallucinante. Enfoncer un peuple dans la misère noire, le faire régresser sur tous les plans, casser son système de santé, ce n’est pas lui faire la guerre ? Les riches sont en guerre contre nous.
Le Premier ministre grec, Lucas Papadémos, il a quoi d’écrit sur son CV ? Ancien gouverneur de la Banque centrale grecque de 1994 à 2002. C’est un banquier ! Il a trafiqué les comptes de l’État avec la banque Goldman Sachs et organisé l’entrée de la Grèce dans la zone euro. Il était vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) jusqu’en 2010. Normal qu’il exige l’application de la rigueur, avec la BCE et le Fonds monétaire international ! Le peuple doit payer pour renflouer les créanciers, les banquiers. Au Portugal, en Italie, c’est la même chose. Bientôt en France aussi.
Sur les CV des politiciens, il y a écrit qu’ils travaillent pour le bien commun, pour leurs concitoyens. Mais c’est le bien commun qu’ils pillent pour enrichir quelques-uns ! Ces imposteurs-là, on les vire quand ?