Rencontres internationales de l’anarchisme : présentation des conférences

mis en ligne le 16 février 2012
Pour fêter les 140 ans du congrès de Saint-Imier, acte fondateur de l’Internationale antiautoritaire, la Fédération anarchiste francophone (IFA) et la Fédération libertaire des montagnes (OSL) appellent les groupes, collectifs, individus qui se réclament de l’anarchisme social à participer aux Rencontres internationales de l’anarchisme en août 2012 dans le village de Saint-Imier.
Sur le site www.anarchisme2012.ch se trouve plus d’information sur les contenus et l’esprit de ces rencontres.

Programme des rencontres
Les Rencontres internationales s’organiseront autour de 3 moments centraux : un meeting d’ouverture autour de la Fédération jurassienne, un meeting de clôture autour du projet révolutionnaire (possibilité d’une motion commune), un banquet final avec les participants et les habitants, avec des chansons, des chorales.
En plus des conférences et ateliers-discussions, il y aura des tables rondes auxquelles participeront les organisations anarchistes adhérentes au Comité d’organisation : 1) les innovations politiques de l’anarchisme, 2) faire l’anarchisme aujourd’hui, sur les pratiques et interventions militantes intéressantes ou exemplaires, notamment en Europe et dans les pays anglo-saxons, 3) les nouveaux territoires de l’anarchisme, implantation ou réimplantation de l’anarchisme en Afrique, en Asie et en Amérique latine, 4) les alternatives anarchistes en actes et comment articuler les expériences alternatives au projet et luttes révolutionnaires, 5) la crise de la dette, les politiques d’austérité et les résistances sociales et populaires.
Chaque groupe, organisation, peut adhérer au Comité d’organisation sur la base de la libre association, de l’acceptation des principes des Rencontres de Saint-Imier 2012 et, pour autant que les conditions matérielles le permettent, d’une contribution financière et d'une participation active des personnes militantes selon la taille des organisations (300, 600, 1 000 euros). L’entrée au planning des journées et la visibilité offerte dans la communication en dépendront. Fin mars 2012, cette proposition de libre association sera close, en principe, afin de se focaliser sur la logistique de l’événement.

Aperçu et présentation de quelques conférences
« Albert Camus et les libertaires », par Lou Marin, militant du courant anarchiste non-violent autour du mensuel Graswürzelrevolution, qui fête, en 2012, sa quarantième année de fondation ; membre du CIRA (Centre international de recherches sur l’anarchisme) de Marseille.
Alors que l’écrivain fait l’objet de récupérations éhontées, tant de la part de Nicolas Sarkozy que des philosophes de Cour en passant par les publicistes tout terrain, il est essentiel de rappeler l’attachement non-démenti de Camus à ce qu’il appelait « le génie libertaire » – ce que nient ou minimisent tous ses biographes.
L’actualité de Camus se montre aujourd’hui plus que jamais dans les révoltes arabes contemporaines, qui réhabilitent sa conception de dire « Non ! » à des régimes issus des mouvements d’un anticolonialisme autoritaire, étatiste, non-pluriel. Par rapport à la guerre d’Algérie, le soutien de Camus au courant du syndicaliste révolutionnaire et indépendantiste Messali Hadj, aux campagnes de soutien aux objecteurs de conscience autour de Louis Lecoin et la conception de Camus pour une culture méditerranéenne des traditions libertaires et fédéralistes démentent les dénonciations, de Sartre, Jeanson, de Beauvoir ou Fanon, d’un colonialiste de bonne volonté.
C’est notamment avec les anarchistes espagnols en exil en France que Camus tisse de nombreuses amitiés personnelles et déclenche des campagnes de solidarité avec les prisonniers de Franco, mais aussi pour les détenus espagnols en URSS, dans le camp stalinien de Karaganda. En tant qu’observateur attentif des événements à l’intérieur de l’Espagne, il a un regard à la fois solidaire et autocritique. Il découvrit l’existence d’un phénomène imprévisible : le surgissement de mouvements de masse en lutte ouverte, de manifestations et grèves au sein du fascisme franquiste dans les années cinquante.
Plus que jamais brille la phrase de l’anarchiste russe Lazarévitch : « Nous sommes en présence d’un des rares écrivains qui n’acceptent pas de se laisser corrompre. »
« Éducation et pédagogie dans la tradition libertaire », par Hugues Lenoir, militant syndicaliste de la Fédération anarchiste et de la CNT. Avant même la création de l’Internationale antiautoritaire en 1872 à Saint-Imier (Suisse), Proudhon s’était prononcé sur la question de l’éducation intégrale dans la trace de Charles Fourier. Je centrerai mon propos sur l’importance du projet « éducationniste » des anarchistes. En effet, de tout temps et en tout lieu la question de l’éducation et de la pédagogie furent au cœur des activités et des réflexions de notre mouvement. Tout en atteste, que ce soit les nombreuses résolutions prises dans les congrès de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT), les textes de Bakounine, de Guillaume, de Stirner et de tant d’autres. Mais, l’éducation fut aussi au cœur des activités et des pratiques du mouvement anarchosyndicaliste et anarchiste international que ce soit dans les Bourses du travail en France avec Fernand Pelloutier, dans le soutien de la CGT de la région parisienne à la Ruche de Sébastien Faure, dans les écoles rationalistes en Espagne largement développées à l’initiative des militants de la CNT ou encore avec l’école Ferrer de Lausanne qui fut placée sous le patronage de la Fédération des unions ouvrières de Suisse romande.
Écoles modernes, rationalistes, libertaires alternatives… qui rayonnèrent jusqu’au Brésil et dans le Monde entier dont la tradition, ici ou là, se poursuit contre vents et marées. Pour les anarchistes, l’éducation se doit d’être autogestion et l’autogestion éducation. Un cercle vertueux qui vise à développer la conscience de soi-même, des pratiques sociales libertaires et qui participe à l’invention d’une société de femmes et d’hommes fiers et libres.

À suivre au prochain numéro