Histoire de vautours

mis en ligne le 16 février 2012
Encore des nouvelles de Gary Klesch, cet hommes d’affaires américain qui se propose de reprendre la raffinerie Pétroplus 1. Cette fois-ci il a jeté son dévolu sur la société Arkema dans le plus pur style des années fric, années quatre-vingt où un Bernard Tapie s’était illustré chez nous avec ses rachats d’entreprises en faillite pour 1 franc symbolique. Pour Gary Klesch ce sont toujours les années quatre-vingt ; c’est une sorte de Richard Gere dans le film Pretty Woman : aussi féroce, mais sans Julia Roberts à ses côtés pour l’humaniser.

Petit rappel des faits
En 2004 le groupe Total se restructure et cède sa branche chimie à Arkema qui devient le premier groupe chimiste français avec plus de 8 000 salariés. Son activité se divise ainsi : chimie industrielle : 51 % ; produits de performance : 28 % ; produits vinyliques (PVC) : 21 %.
C’est cette dernière branche qui pose problème : la marge de rentabilité n’est « que » de 5 à 10 %. La direction voudrait 15 à 20 % pour satisfaire ses actionnaires. Pour faire grimper l’action du groupe, une solution : céder l’activité chimie. C’est là qu’intervient Gary Klesch spécialisé dans la reprise d’entreprises européennes en difficulté avec sa société (Klesch Group) basée à Genève, mais dont la direction opérationnelle se trouve dans les paradis fiscaux que sont Malte et Jersey (hasard de la géographie sans doute).
Ce Zorro de la finance a su convaincre la direction d’Arkema de lui céder pour le deuxième trimestre 2012, la branche « produits vinyliques ». Même pas pour 1 euro symbolique, car c’est Arkema qui reprendra à son compte 470 millions de dettes, et versera 100 millions de trésorerie. Plus fort que Tapie le Gary !
Rien qu’à cette annonce l’action d’Arkema a fait un bond de 14 % à la Bourse. Les actionnaires ont manifesté leur confiance dans le titre, pendant que les salariés du site de Saint-Fons (dans le Rhône) manifestaient, eux, leur défiance en se mettant en grève pour s’opposer à ce « rachat ». Malgré les déclarations du groupe Klesch à la presse et à Éric Besson ministre de l’Industrie, personne ne croit sérieusement que les emplois seront préservés chez Arkema. Gary Klesch n’en est pas à son coup d’essai : une fois le « temps de garantie » écoulé il pourra liquider les différents sites comme il l’entend, afin de satisfaire encore et toujours les actionnaires ; toujours plus de bénéfices pour ces derniers et toujours plus de licenciements pour les salariés. Arkema, raffinerie britannique Linsey, Pétroplus… Tout pour les fonds de pensions, rien pour les travailleurs, scénario inchangé. Les hommes politiques peuvent bien s’agiter, c’est la finance qui commande, pour le profit des uns et le malheur des autres, toujours les mêmes.
Rénover le système capitaliste ? Le gérer mieux ? Non, s’en débarrasser définitivement ! Pas simple ? Effectivement, mais continuer à subir la loi des marchés ne nous sortira pas de l’impasse actuelle. Les travailleurs devraient payer la crise de la finance ? Refusons. Pas simple ? Personne n’a dit que ce le serait, mais la précarité, le chômage, l’humiliation, la misère et le désespoir, ça suffit : osons choisir la voie de la révolution sociale et libertaire.






1. Voir Le Monde libertaire n° 1659 : « État des lieux sarkozien ».