Je suis un skinhead, comme ils disent…

mis en ligne le 19 janvier 2012
On aura décidément écrit, et dit, tout et n’importe quoi sur le mouvement skinhead. Et, dans ce domaine, le meilleur côtoie souvent le pire. Par exemple, le hasard a voulu que, à quelques jours d’écart, le thème de l’homosexualité croise celui de nos sympathiques tondus grands amateurs, comme chacun sait, de bière, de ska et de reggae.
Jean-Marc Morandini qui est, de notoriété publique, la risée de ses collègues en télévision (lesquels ne sont pourtant pas, eux-mêmes, des aigles) ouvre le tir. Le voila donc « daubant », à la mi-novembre, sur « le skinhead hétéro qui se réveille gay après un coma et devient coiffeur » ou « ce skinhead qui devient gay après un accident ». Bien entendu, le skinhead en question est qualifié, avant sa « résurrection », de fasciste. Bref, tout ceci est fort « puant », comme on disait de mon temps, car cela tend à faire croire que les états de skinhead et d’homosexuel assumés sont strictement incompatibles.
Il en va, bien sûr, tout autrement, les deux approches se situant sur des plans totalement différents et pouvant parfaitement s’harmoniser au sein d’un même individu. C’est d’ailleurs ce que démontre, avec brio et empathie, le magazine (pourtant tellement bobo) Têtu. Sous la plume érudite de Romain Burrel, un vibrant hommage y a été rendu, en novembre, aux gays skinheads et, bien plus largement, à la communauté « neuskie » toute entière. La référence et le soutien appuyés au Sharp (Skinheads contre les préjugés raciaux) y sont remarquables et rarissimes dans le cadre d’une publication essentiellement destinée à une classe moyenne urbaine et boboïsée.
Merci donc, monsieur Burrel. Merci Têtu. Vous avez fait là une bien belle action, dont rudies et birdies sauront, je l’espère, le moment venu, vous être redevables.

Rudies Back In Town (Radio libertaire)