Les flamencos d’Utgé-Royo…

mis en ligne le 15 décembre 2011
En cette fin d’année 2011, nous avons rencontré Serge, qui poursuit son chemin de libre chanteur… Un agenda bien garni avec des concerts, notamment pour les compagnes et compagnons de Radio libertaire ou de l’Union pacifiste, des écritures, la préparation d’un album de chansons inédites (été 2012) et la sortie du coffret trois CD Contrechants… de ma mémoire.
La bonne idée de regrouper ces 3 albums avait été lancée à l’occasion de la rencontre avec l’équipe de L’Autre Distribution (qui fournit les CD aux disquaires), il y a quelques semaines. Et voilà, c’est chose faite : les 52 chansons de la mémoire sociale, choisies par Serge, sont rassemblées et livrées sous un seul emballage, à un prix attractif (28 euros). On y retrouve donc des chants de révolte et d’espoir : de la Commune de Paris (Louise Michel, Clément, Jouy…), de la guerre d’Espagne, de la résistance italienne ou chilienne, de la révolution mexicaine ou portugaise, des poètes tels Victor Jara, Gabriel Celaya (superbe « Hommage au poète : la poésie est une arme chargée de futur ») ou encore Lluis Llach (universelle « Estaca »), des chansons pacifistes et antimilitaristes, des chansons peu reprises aussi, comme cette apostrophe joyeusement railleuse de manif, Allez les gars, interpellant les « casqués », la déchirante Lettre de (Nicola) Sacco à son fils, mise en musique par Pete Seeger (qui se réjouissait il y a quelques saisons et du haut de ses quatre-vingts printemps de voir « un jeune français » traduire et reprendre ce chant contre la peine de mort), la Canzone per Giuseppe Pinelli, chanson pour Pinelli, compagnon italien défenestré d’un commissariat milanais dans les années soixante-dix, sans oublier La Makhnovtchina ni La vie s’écoule de Vanheigem « parti des rouges, parti des gris, nos révolutions sont trahies » ni enfin ce Chant des marais d’un espoir infini…
Quelques chansons d’Utgé-Royo complètent ce florilège comme Juillet 1936 (Pardon si vous avez mal…), qu’on a pu ici ou là prendre pour un chant de la guerre d’Espagne tant il sonne vrai, ou l’indispensable Amis, dessous la cendre…, qui en appelle à notre mémoire collective et à nos amitiés…
Une précision encore, qui a son importance : chaque CD comprend un livret de 28 ou 32 pages, avec les textes, traductions et un petit commentaire pour resituer la chanson dans son contexte. Précieuses infos, qui tordent parfois le cou à quelques idées reçues !
Pour terminer ce clin d’œil, laissons Utgé-Royo lancer ses chansons d’aujourd’hui contre le vent, avec ce court extrait du futur Espoir têtu à paraître à l’été 2012…

« Permettez que je chante encore pour de beaux lendemains têtus,
Des rêves jugés impossibles qu’il faudrait avoir vécus,
Des sourires incandescents qui sécheraient toutes les larmes
Et des symphonies sans chéquier qui ne seraient pas du vacarme…
Il faut dénuder les bergers, les députés, les présidents,
Les pauvres dogues de papier qui grognent contre nos printemps.
Jusqu’à ce que fondent les pierres que l’on a soudées contre nous,
Jetons de l’amour à la mer et des chansons dans le vent doux. »

Larry Tournelles