Paul Klee : en avant la musique

mis en ligne le 8 décembre 2011
Encore un papier sur une exposition, comme dirait le camarade Salcedo 1. Ce n’est peut-être pas comme ça qu’on fera la révolution, mais enfin, après une semaine de boulot plus ou moins intéressant, et de militantisme plus ou moins exaltant, ça ne peut pas faire de mal de se nettoyer les quinquets et de décrasser ses neurones en se payant une petite séance culturelle.
Objet du délit : Paul Klee (1879-1940)
Scène du crime : Cité de la musique (Paris-19e)
Que vient faire là le peintre allemand naturalisé suisse au lendemain de sa mort ?
Il faut savoir que Paul Klee, né dans une famille de musiciens, pratiqua dès l’âge de sept ans le violon, puis gagna sa vie comme musicien d’orchestre classique et également comme critique musical. Vers vingt ans il entreprend des études de peinture à Munich, entre en contact par la suite (en 1911) avec le groupe de peintres du Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu) dont sont membres Kandinsky, Franz Marc, August Macke et Alexej Von Jawlensky. L’année suivante, il rencontre à Paris Robert Delaunay, et parallèlement découvre la musique de Schönberg. Il entreprend alors une construction « polyphonique » de la couleur. Il hésite entre la carrière de musicien et celle de peintre. Un voyage en Tunisie en 1914 achève de le décider : il sera peintre.
Après la Première Guerre mondiale, il rejoint le Bauhaus de Weimar où il rencontrera Igor Stravinski et Belá Bartók. On lui confie un cours de peinture, mais par suite de désaccord (la peinture est reléguée au second plan, après l’architecture) il démissionne en 1931. Il rejoint alors l’Académie de Dusseldorf dont il sera renvoyé en 1933, après l’accession d’Hitler au pouvoir. En effet, les nazis ne jugent pas son art « dégénéré » (comme pour Edvard Munch) mais l’accusent de « bolchevisme culturel ».
Les dernières années de sa vie se déroulent dans la souffrance : il est atteint de sclérodermie, maladie qui l’obligera à abandonner la pratique du violon, et qui influencera ses ultimes peintures. Il meurt à Locarno le 29 juin 1940.
Toute sa vie, et jusqu’au dernier instant, musique et peinture furent les passions de Paul Klee (dans un ordre inverse à celles de Ingres). Il laisse quelques 8 000 œuvres, dont la moitié se trouvent au Zentrum Paul Klee à Berne. C’est à un parcours intellectuel mélangeant musique et peinture, musique à travers la peinture que nous invite l’exposition Paul Klee Polyphonies à la Cité de la musique (jusqu’au15 janvier 2012).




1. Voir Le Monde libertaire n° 1652 : « Que devient Munch ? »