Météo syndicale

mis en ligne le 17 novembre 2011
Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles sur ce qui reste du paysage syndicaliste. Par 62 % contre 38 %, les électrices et électeurs de l’Ohio ont rejeté la semaine dernière une loi qui aurait plus que rogné les ailes de ce qui reste de « force collective organisée » aux États-Unis. Droit de grève aux oubliettes et restriction des négociations de conventions collectives ; tout ça est repoussé jusqu’à la prochaine attaque 1.
En France, dans les Bouches-du-Rhône, à Géménos, ça occupe depuis deux mois. Sûr que la direction de la boîte est irritée. On n’est plus aux États-Unis du siècle dernier, mais une vingtaine de vigiles de la société Escort Society ont voulu jouer les Pinkerton aux pieds d’argile 2 en « filtrant les entrées ». Bousculades, horions divers, une salariée hospitalisée, le tout sous l’œil de la gendarmerie impavide. « La direction cherche le moyen de nous virer de l’usine que nous occupons pour préserver notre outil de travail », déclare la CGT. Ce qui est brandi par le patronat ce sont délocalisation et « prime à la valise » ?
Leader Price, vous connaissez ? Depuis 2009, le groupe Casino possède Monoprix à 50 %, il avait aussi pris le contrôle des magasins Franprix et Leader Price. Dans ce beau micmac (non exhaustif) arrive un plan social. La chaîne de magasins discount ferme neuf magasins et en vend six autres. Sur 152 salariés, 87 risquent d’être licenciés, faute de reclassement. Les salaires plafonnent à 1 150 euros et le sous-effectif s’aggrave. Pendant ce temps-là, le groupe Casino engrange les sous.
« Le capital en période de guerre économique, comme lors d’une guerre militaire, cherche le consensus pour rallier le prolétariat derrière la défense du capitalisme. Et les bourgeois vont trouver à côté d’eux les réformistes syndicaux pour mater la colère qui grondent. » Ainsi s’exprime dernièrement le site Où va la CGT ?. Et pour aussi se féliciter que la CGT n’ait pas participé aux cérémonies du dernier G20. Certes, mais pour combien de temps ?
Sinon, finissons sur une note quasi joyeuse. Nous avons causé dans ces pages du congrès de la Filpac (ex-Fédération des travailleurs du Livre) qui s’est déroulé du 14 au 17 novembre. Le tableau n’est pas mirobolant, mais ça et là… Ainsi cette déclaration au sujet du rapport fédéral : « Ce dernier insiste sur l’autonomie du mouvement syndical vis-à-vis des échéances électorales et des manœuvres des appareils politiques et affirme haut et fort la nécessité d’organiser le monde du travail essentiellement sur la base de ses besoins et de ses objectifs propres. Serions-nous placés sur une pente amenant à l’anarcho-syndicalisme, comme le proclament certains ? » Diable les vieux démons sont encore là !




1. Cf. Le Monde libertaire n° 1650.
2. Rappelons que les sbires de Pinkerton tiraient à balles réelles.