Météo syndicale

mis en ligne le 19 mai 2011
Bon, il sera dit que nous aurons fait comme tout le monde… On causera donc du 10 mai 1981 ! Le pompon de la satisfaction était, bien sûr, attribué à la CFDT. Sortie des « égarements anarcho-syndicalistes » de l’après-1968, l’ex-centrale chrétienne s’était rangée sous la bannière équivoque de l’autonomie engagée. Ce vocable ésotérique se marquant « légèrement » de la courroie de transmission… Indépendance syndicale, mais partie prenante des forces de gauche, l’organisation syndicale du square Montholon voyait le changement social à sa porte. Mitterrand élu, capitalisme vaincu ! Apporter au Parti socialiste une part non négligeable du monde du travail pour faire comme le duo PC-CGT, semblait être un des rêves de l’équipe d’Edmond Maire.
Dans le reste du monde syndical, les attitudes étaient plus convenues. Pour la CGT, c’était « mobilisation et lucidité » et FO campait sur « Nous ne changerons pas de politique ».
Pour ma part, voir la tronche de mon chef le lendemain du résultat a été un bon moment. Le pauvre croyait que des conseils ouvriers allaient fleurir ça et là, que la grève générale et expropriatrice… La suite nous montra que d’autres Bastille étaient à prendre et que le capital et l’économie de marché étaient préservés. Si après mai 1968 on avait réussi à engranger des avancées syndicales, après la victoire de la gauche en 1981, le mouvement ouvrier aura appris à avaler des couleuvres !
« Les actionnaires s’en mettent plein les poches et nous on ramasse les miettes », déclarait une déléguée de Mérial, la filiale santé animale de Sanofi (produits pharmaceutiques). L’assemblée générale des actionnaires avait lieu le vendredi 6 mai. Pour interpeller les dirigeants et consorts, des salariés et la CGT s’étaient invités. Même pas l’ombre d’une discussion, mais tout de suite bondissant du Palais des congrès, porte Maillot à Paris, des escouades de CRS. Les coups pleuvent… Un comité de groupe est prévu en juin, sans violence ? En espérant que suppressions d’emplois, fermetures de sites vont aller à la baisse, voire à la disparition !
Au centre de distribution du courrier d’Annecy, il y a, comme on dit dans le nouveau jargon, de « nouvelles méthodes de management » au sein de l’administration postale. Ainsi Christian Garrette, postier, risque un mois de mise à pied sans salaire. Son crime ? Avoir utilisé son micro de service sur son temps de parole syndical. La prise de parole au micro n’est réglementée par aucun texte. Mais comme le souligne le postier « inculpé », « cette pratique traditionnellement reconnue comme un droit d’expression syndicale est aujourd’hui réprimée ». Moins de postes, tournées allongées, heures supplémentaires non rémunérées, la liste des combats à mener est longue à La Poste !