Martin Circus ou les Rubettes ?

mis en ligne le 12 mai 2011
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? J’ai tenté, cette semaine, une expérience extrême. Pour toi lecteur, pour toi lectrice, à seule fin de rassasier ton appétit sans faim pour les gourgandineries et palinodies de palais, j’ai : lu L’Express. Eh oui. Pratiquement de bout en bout, et comme on traverse un désert – une fois qu’on est dans le sable, reste, n’est-ce pas, à s’y enfoncer. Mais j’ai mon excuse, toute trouvée : c’est que Nicolas Sarkozy s’y exprimait, et sur 10 pages s'il vous plaît ! Pour dire quoi ? Peu de choses. Une fois retranchées de cette logorrhée les subtilités fausses et absurdités en trompe-l’œil du genre « si je doute beaucoup, je redoute assez peu » – pauvre formule sûrement piquée à Charles Maurras ou à Daudet – pas Alphonse, l’autre, le Léon ; une fois, donc, mises de côté les simagrées simiesques du mâle dominant les jardins de l’Élysée – parterres, dit-on, mièvres et médiocres, aux pâles allures de Jardiland –, que sauver de cet amas de mots ? Ceci, peut-être, qui signe l’homme et le livre, comme pieds et poings liés, à la plus saine des vindictes : « Plus le temps passe, plus je me sens indépendant de mes amitiés, de mes fidélités. » Étrange aveu en vérité, que celui d’un petit monsieur ayant ainsi choisi comme conduite la tromperie, la duperie et, pour le moins, la solitude. N’est pas Chateaubriand qui veut : le temps, c’est certain mon gars, passe, mais comme disait Brassens « il ne fait rien à l’affaire, quand on est… » Tais-toi donc, autruchon, claque ton bec, enfin ! paraît que désormais traiter de gros con le chef de l’État serait passible de poursuites. Donc, nous l’affirmons : Sarkozy n’est pas gros. « Président de la République, cela s’apprend à chaque minute. C’est si difficile, et si grave », confie le maigrichon au final d’une interview longue comme un jour sans ecsta. Oui, nous sommes d’accord : c’est grave.
Grave aussi lorsqu’à Gravelines, devant un public de convaincus – en un mot comme en deux, selon –, le même Sarko lâche que « ceux qui veulent sortir du nucléaire, est-ce qu’ils expliqueront aux Français que l’électricité leur coûtera quatre fois plus cher, et est-ce qu’ils sont prêts à trouver les 45 milliards d’euros pour compenser ? » Ils y sont d’autant moins prêts que, renseignements pris, ces chiffres sont purement et débonnairement bidonnés. Peu importe, ça enchaîne dans la bêtise, ça nous martèle qu’« on n’a pas le droit de jouer sur des peurs moyenâgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays ». À notre connaissance, Fukushima n’est pourtant pas une de ces bourgades médiévales au charme légèrement désuet, pas plus que Tchernobyl ne fut le nom d’un tournoi de chevalerie d’antan. Mais une fois encore, qu’importe. Au point où il en est de décrédibilité crasse, Sarko pense pouvoir se permettre de dire à peu près nawak, parce qu’il croit qu’on ne l’écoute pas.
Grave, également, sa greluche, tentant pour une fois de faire peuple plutôt que people. Elle campait, en pied, dans Le Parisien-le-journal-qui-vous-veut-que-du-bien. « Je ne suis plus du tout, du tout, de gauche », avouait Bruni, laquelle, en 2007, avait pourtant voté Royal : c’est dire comme elle était de gauche. Maintenant, promis, c’est fini : « Je suis ultra-sarkozyste », assène madame Sarkozy. Elle nous confie aussi que personnellement elle aimerait bien que Téléphone se reforme, « Allez-y, revenez, on vous attend ! » Tout un programme… Quelle horreur, quand on y songe, et quel goût de chiottes aussi : Téléphone, reformé ? Et pourquoi pas, tant qu’on y est, Martin Circus ou les Rubettes ? « Je suis égoïste, comme tout le monde », admet ensuite l’ex-femme de gauche. Comme tout le monde ? C’est-à-dire ?
Mais laissons de côté le monde vu par Carla Bruni, et revenons aux choses sérieuses avec des gens, eux, très sérieux : Mélenchon et Besancenot. Ils se sont rencontrés, ils se sont parlés. Se sont-ils, par la suite, aimés ? On ne sait, et on s’en cogne. On s’en tamponne à fond, d’autant qu’une nouvelle de la plus haute importance vient de tomber, à l’instant, sur nos téléscripteurs : finalement, Ben Laden ne sera pas candidat aux prochaines présidentielles.