De bric et de broc, salmigondis syndical

mis en ligne le 24 mars 2011
L’unité de ce qui reste du syndicalisme français se fera-t-elle face au parti de Marine Le Pen ? Dans les médias au moins, certes, mais c’est un peu court. Il ne suffit pas de se réunir entre responsables des diverses boutiques agréées et de déclarer que le Front national n’a rien à voir avec le mouvement syndical pour que le danger soit définitivement écarté.
Dans les éditos de l’hebdomadaire de la Confédération générale du travail (La Nouvelle Vie ouvrière), on déclame : « On a beau s’y attendre, cela surprend toujours, les échéances électorales revenues, cantonales et surtout présidentielle, les manœuvres et calculs politiciens envahissent la scène médiatique. Jusqu’au Front national qui tente de repeindre le vieux parti d’extrême droite aux couleurs du social. Pourtant, personne n’a jamais vu ce parti soutenir la moindre grève ou revendication de salariés… Bien au contraire son histoire est jalonnée d’antisyndicalisme, de stigmatisation contre les fonctionnaires, d’insultes contre les grévistes, de propos haineux contre les travailleurs immigrés. »
Là où le bât blesse, c’est quand certaines déclarations de la centrale syndicale de Montreuil peuvent être en concordance, même éloignées, avec les idées de l’extrême droite. Dernièrement, nous rappelant le « produisons français », on a eu l’impression que ça et là… Bernard Thibault a certes déclaré : « Il n’est pas envisageable qu’au nom de la liberté d’expression dans la CGT, cette dernière puisse être représentée à quelque niveau que ce soit par des militants revendiquant par ailleurs publiquement leur adhésion au concept de ‘‘préférence nationale’’ qui est le socle du FN… » Pourtant le secrétaire de Montreuil avait, il y a quelque temps, « fait allusion » à cette position devant les ouvriers de chez Molex. Il suffit d’aller sur le site Où va la CGT ? pour avoir moult exemples. Le moins que l’on puisse dire est que tout cela mérite réflexion.
Dans L’Encyclopédie anarchiste, Pierre Besnard, à l’article « fascisme », rappelle le concept de corporation qui avait fait les choux gras, entre autre, du régime fasciste de Mussolini. « économiquement les corporations fascistes, en réunissant dans un même organisme toutes les forces d’une même industrie, patrons, techniciens, savants et ouvriers, réalisent la gageure de faire croire à l’existence d’un intérêt général. » Et l’auteur du Monde nouveau de faire le parallèle avec l’Union sacrée acceptée par la CGT pendant la Première Guerre mondiale… À méditer en attendant les beaux jours.