Et si la propriété c’était le vol ?

mis en ligne le 10 mars 2011
Y’a pas à dire : c’est du brutal ! Les précaires, les sans-le-sou, les chômeurs connaissent on ne peut mieux la suavité et douceur de la crise économique. Alors ils s’organisent. Forcément. En tous temps et en tous lieux les effets dévastateurs du capital se manifestent par les problèmes de logement. Acteur involontaire du mépris, de la veulerie, de l’immonde saloperie des possédants envers les plus faibles, le collectif Jeudi Noir en a fait la malheureuse et triste expérience la semaine dernière.
Après avoir on ne peut plus légitimement occupé, entre 2008 et 2009, un immeuble rue de Sèvres à Paris, huit des membres de cette organisation ont été condamnés en première instance à la somme d’environ 80 000 euros au profit de la plaignante au titre d’indemnité d’occupation. Or l’immeuble situé dans une rue tellement elle est chic qu’elle est même pas dans le Monopoly (j’ai vérifié), était inoccupé depuis plus de dix ans et, qui plus est, appartient à une évadée fiscale. La possédante en question a toujours refusé de le vendre ou de le louer, soit d’effectuer des travaux. Les occupants en question s’étaient de plus engagés à quitter les lieux au cas où justement le bâtiment eut été en location ou en vente. Silence radio. Et la propriétaire a préféré harceler les squatteurs au tribunal. Fin du premier round. Nul doute que le collectif fera appel, je l’espère en tout cas, mais cela illustre parfaitement à quel degré de cynisme en sont rendus tous ces gens, protégés par le pouvoir et par une morale qui ne cesse de gagner les esprits et les comportements. À vomir.
Voilà pourtant un bel exemple de comportement, je parle de Jeudi Noir qui n’en est pas à sa première, et je le souhaite dernière, tentative de récupération sociale. Et même si un peu naïvement un de ses membres a pensé que 20 000 euros auraient été un montant un peu plus approprié. Zéro centime et un coup de pied au cul aurait sans doute été une plus juste récompense et une plus juste rémunération.
Toujours aussi jubilatoire, ce même groupe a entrepris de s’attaquer à un autre bien situé cette fois avenue de Matignon. Toujours aussi chic. Ces messieurs pètent sans doute dans la soie mais la réaction a été plus rapide et plus brutale. Il faut préciser que l’immeuble appartient au groupe Axa : groupe d’assurances qui soit dit en passant a augmenté la rémunération de ses actionnaires de 24 % en 2010. On dit merci qui ? Cette fois-ci l’opération a été promptement avortée par les lacrymos et les tonfas tout contents de prendre un peu l’air. ça les change des banlieues, pas vrai ?
Terminons provisoirement avec Jeudi Noir avec un somptueux dix de der. À l’occasion de la venue du président du Gabon Ali Bongo à Paris, Jeudi Noir a tenté d’investir son hôtel particulier du 51, rue de l’Université, acquis par le chef d’État en mai dernier. Pour cette « réquisition », le groupe s’est associé au Collectif pour la libération du Gabon. « Cet endroit est plus important et hautement plus symbolique que celui d’AXA, avenue de Matignon », expliquait avant l’opération un membre du collectif. Non seulement à cause de son propriétaire, mais parce que l’hôtel particulier se situe à deux pas de l’Assemblée nationale.
Des policiers, plus nombreux que les manifestants, ont chargé en lançant des gaz lacrymogènes pour libérer l’accès de la porte, former un cordon devant et encercler les militants.
L’action a duré une heure et s’est terminée par l’interpellation dans le calme des militants, dont les trois qui s’étaient introduits dans l’enceinte de l’immeuble.
Après le mal-logement, Jeudi Noir s’attaque donc aux biens mal acquis de la famille Bongo. Ces détournements de fonds publics ont permis à la famille gabonaise de détenir une dizaine de logements – appartements ou hôtels particuliers – à Paris, dont la valeur totale avoisine les 160 millions d’euros.
Y’a qu’a demander à Bongo d’allonger les 80 000 euros.

Jipé



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


julien bézy

le 10 mars 2011
Le droit à la propriété est farouchement ancré dans le droit français. Une indemnitée de 80 000 euros, les associations de défense du logement ne peuvent payés. Il va falloir réflechir à un autre mode d'action pour dénoncer le scandale des logements vides et le mal logement.

José

le 17 avril 2011
Rectification : Le droit à la propriété est farouchement ancré dans le droit INTERNATIONAL (déclaration des droits de l'homme de 1948). Alors que la rédaction de ce texte a dû être étudiée dans ses moindres détails, comment expliquer ce grossier cheveu sur la soupe? D'autant que l'article en question ne fait pas dans la nuance:

Article 17

1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.

Posséder son esclave, ça entre aussi dans le cadre de l'article 17? Laisser quelqu'un sur le trottoir, c'est aussi un droit garanti par celui de propriété?

fhr76

le 31 mai 2011
Le droit français, le droit INTERNATIONAL, le droit à l'ignominie, à l'inégalité, à la vanité, à l'enrichissement personnel, à la déshumanisation, à la connerie, à la dégueulasserie, à la pourriture... Il est vraiment grand temps de faire péter tout ça une bonne fois pour toute... Aujourd'hui on a plus d'excuse !