Sale temps pour un syndicaliste

mis en ligne le 3 mars 2011
Très souvent, les bureaucraties de la plupart des syndicats de ce pays se font remonter les bretelles dans nos colonnes. À juste titre, certes. Raison de plus pour parler des actions concrètes non pas des « syndicats » en tant qu’organisations, mais des syndicalistes et syndiqués, ceux qui vont au charbon, ceux qui subissent une féroce répression antisyndicale, sur laquelle nous devrions nous pencher plus assidûment pour en dénoncer les manifestations les plus sordides. Relater l’infect, fracasser – par les mots – les patrons scélérats, appeler à manifester, à soutenir, à constituer des caisses de grève…
Les cas étant légion, le choix s’avère arbitraire. Consacrons ce billet à la situation de Xavier Mathieu, délégué CGT bien connu pour son combat contre la casse de l’usine Continental de Clairoix (Oise) 1 – et aussi pour sa véhémence à l’encontre de la direction de son syndicat. En avril 2010, convoqué au commissariat suite au saccage de la sous-préfecture de Compiègne un an auparavant, ce dernier refuse de se soumettre à un test ADN 2, considérant comme inique et indigne cette injonction. Sa condamnation ultérieure, en juin 2010, a porté sur l’acte de saccage en lui-même, pas sur ce refus d’obtempérer. Las, la « justice » s’acharne et sa représentante, en l’occurrence le procureur de la République de Compiègne, poursuit le syndicaliste pour ce refus. Il passera devant le tribunal correctionnel de Compiègne le 3 mai 2011 et encourt une peine maximale d’un an de prison et une amende de 15 000 euros. Des actions sont prévues à cette occasion.
La criminalisation de l’action syndicale et du militantisme en général n’est pas nouvelle bien sûr, mais elle s’amplifie et s’amplifiera de plus en plus, avec un gouvernement vicié par ses propres turpitudes et qui renifle avec frénésie les votes des réacs en train de se tâter : Le Pen ou Sarkozy ? L’original ou la copie ? Loppsi 2, en augmentant les moyens de délation, de repérage, de poursuites judiciaires, etc., en est un symbole éloquent.



1. L’un des sales coups des patrons de cette boîte : il y a un an, aidés en cela par une disposition aberrante du Code du travail, ils proposaient à des licenciés de Clairvoix des emplois en… Tunisie, pour un salaire mensuel de 137 euros. Plus de renseignements au sujet de nombreux autres conflits du travail sur le site du Collectif contre les patrons voyous et licencieurs (www.collectifcontrelespatronsvoyous.com).
2. Mesure de fichage par empreintes génétiques permise par la Loi pour la sécurité intérieure (LSI ou loi Sarkozy 2) du 18 mars 2003, développée dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi) de 2002.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Sinziana

le 3 mars 2011
patrons voyous = pléonasme