Affiches contre ? Les murs contestent graphiquement

mis en ligne le 24 février 2011
1624Affiche34Dans un numéro du Monde libertaire consacré à un retour sur les luttes sociales, il n’est pas anormal de trouver une incitation à lire un ouvrage consacré à l’histoire des murs de Toulouse.
« Les murs n’appartiennent pas aux propriétaires qui les détiennent, mais à ceux qui les regardent ! » C’est certainement en pensant à cette maxime qu’un groupe de copains et copines ont commencé en mai 1968 à coller des affiches, des journaux muraux et autres outils de propagande visuels. Aujourd’hui encore, si vous passez par la ville rose, vous y trouverez ces apostrophes, ces cris (certes muets) qui racontent l’histoire qui aime la castagne.
Affiche contre… (c’est le titre du livre) : les bureaucrates qui enterrèrent l’année 1968, le franquisme et leurs complices français, l’injustice, le nucléaire, les militaristes, les politiciens qui confisquent la vie de la cité, les cléricaux, etc. Attention, restreindre ce travail de réhabilitation à un catalogue anti-tout serait une grave erreur. D’abord parce que les textes d’époque et de contextualisation occupent une part importante des 280 pages de cet ouvrage, et surtout parce que ce titre est un « trompe-l’œil ».
En effet, nos camarades de l’AAEL (Association pour l’art et l’expression libres) ont passé plus de temps et d’énergie à construire une alternative en acte au capitalisme : une maison d’édition, une imprimerie coopérative, des journaux comme Basta ! Ce livre est donc d’abord un appel à destination des jeunes générations : Yes you can ! S’il est nécessaire de combattre toutes les tares de notre société, il est surtout urgent d’agir « ici et maintenant » pour favoriser l’individu, pour élever le niveau de conscience des passants qui, au hasard de leur promenade, découvre les affiches.
Le plus stimulant est de constater qu’au cours de ces quarante dernières années, jamais ils n’ont considéré leurs lecteurs avec l’arrogance de ceux qui croient détenir la vérité. Non, leur objectif est plutôt à chaque fois qu’ils éditent une nouvelle affiche, de faire penser avec les yeux, d’éveiller les consciences.
Notre pire ennemi à tous, c’est la résignation… même quand les temps semblent durs.