Nora Berra, c’est bien parti !

Dans le cadre des débats parlementaires sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, les sénateurs ont refusé samedi 4 décembre les amendements concernant l’aide médicale d’État (AME). En fixant un droit d’entrée de 30 euros dans ce dispositif, ou en réduisant le panier de soins, ces amendements auraient retardé, ou bloqué, l’accès des sans-papiers au dépistage et aux soins.
Cette décision du Sénat est le fruit de la pression et du travail associatif et montre que la mobilisation peut être payante. Contrai-rement aux députés, les sénateurs ont fondé leur décision sur l’expertise et l’expérience de terrain, qui démontrent qu’une remise en cause de l’AME serait un non-sens économique et une catastrophe sanitaire.
Cependant, la nouvelle secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra ¹, a soutenu les amendements démantelant l’AME, au nom de « la lutte contre la fraude et les abus ». Elle a donc refusé de suivre les avis des associations, du Conseil national du sida ou encore de médecins, pour s’enferrer dans une idéologie xénophobe : les étrangers tricheraient. De plus, est-il nécessaire de rappeler que les sans-papiers doivent relever de la CMU, car il s’agit d’une couverture universelle et, de plus, pour la plupart, les sans-papiers travaillent, donc paient des cotisations sociales. Seul le principe d’égalité face à la santé doit l’emporter sur toutes les autres logiques.
Selon Act-Up Paris : « Nora Berra confirme ainsi que, des années qu’elle a passées comme médecin VIH, elle a tiré beaucoup d’enseignements sur la « problématique » des laboratoires pharmaceutiques, mais que cela ne lui a rien appris sur les enjeux de santé publique, ni sur la réalité de terrain, ni sur la véritable situation des minorités mises à mal par les politiques de sa majorité. » (Voir l’article « La santé dans l’antichambre du gouvernement », Le Monde libertaire n° 1614.)
Malheureusement, d’expérience nous pensons que durant la commission mixte paritaire avant le vote final, Nora Berra ne tiendra compte ni de l’avis des associations, ni de celui des médecins, ni du rapport d’experts préconisé par le Comité national du sida sur la prise en charge du VIH et, comble de l’ironie, ni de celui des sénateurs. Et pan sur le bec pour ceux qui veulent nous faire croire que l’équilibre existe en France grâce à ses deux assemblées et au jeu parlementaire. Nous autres anarchistes dénonçons ce jeu de dupes depuis tant de décennies, qui ne fait que se confirmer tous les jours.



¹. Médecin, elle fut pendant dix ans, jusqu’à l’année dernière, en poste dans différents laboratoires pharmaceutiques… (Ndlr.)

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