Trois causes et un décès

mis en ligne le 9 décembre 2010
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Tiens, voilà du wiki sympa, du comme on l’aime, du bon petit Web 2.0 prompt à semer sa zone, du craquage top niveau aussi, de celui qui fait suinter les gouvernementales aisselles : c’est de Wikileaks bien sûr dont il s’agit ici, de ce site qui a balancé tous azimuts la semaine dernière, par la grâce duquel on apprend – mais ce n’est qu’un exemple – que Sarkozy serait jugé par la diplomatie américaine comme « autoritaire, susceptible et imprévisible ». Allons donc… Mais si, de cela, on se doutait, d’autres secrets d’alcôves autrement plus embarrassants furent également publiés. D’où les cris d’orfraie émanant de tout ce que les réceptions de monsieur l’ambassadeur comptent comme langues bien fourchues, cependant habituées à ne s’agiter qu’en loucedé. Pour Sarkozy évidemment, vu qu’il dit du vilain sur lui, Wikileaks a atteint « le dernier degré de l’irresponsabilité ». Quant à son valet de pied, par ailleurs ministre de l’Intérieur, il estime que « parfois, la transparence est une forme de totalitarisme ». Mazette ! Dans l’esprit d’Hortefeux-de-Bengale, tout doit dépendre à qui cette transparence s’applique, car enfin lui et ses complices, partisans du fichage, de l’ADN-isation de la population, de la vidéosurveillance et du flicage sans restrictions, restent bien, il me semble, ses premiers supporters, et ô combien farouches ! Mais il suffit que quelqu’un vienne renifler leurs chaussettes pour que, subitement, ces baltringues s’en offusquent… Leur pire cauchemar ? Un Wikileaks à la française. Aussi vont-ils, dans l’affolement, revoir la sécurisation de leurs communications. D’ici là, on aura sûrement l’occasion de rigoler encore, en lisant le contenu de notes fuitées, comme on dit, car vu le retard en la matière, ladite « sécurisation » est pas pour demain la veille : selon un conseiller de not’président en personne, « il faut trouver notre Samuel Morse ». Et pour l’envoi des pneumatiques, c’est Géo Trouvetou qui s’y colle ?
Une, qu’il conviendrait de « sécuriser » de toute urgence, c’est la Royal Ségolène. Elle n’a pas pu se retenir, la voilà donc candidate à la candidature, et ceux qui la pensaient quelque peu sous contrôle en sont tout retournés. Pour autant, l’allumée poitevine n’a pas agi sur un coup de tête, ni même de menton, non, non. Il s’agit là, qu’on se le dise, d’une décision réfléchie, et pas seulement par son miroir. « J’ai beaucoup consulté », précise ainsi Ségo, sans dire si le psy prenait cher. Ni s’il avait Montebourg, également, comme patient. Montebourg, à qui un journaliste demandait l’autre jour la nature de son programme, eut cette réponse, abracadabrantesque en diable : « Tout est dans le livre que j’ai écrit il y a quelques mois, et d’ailleurs, on me dit qu’il est lu. » Les mauvais esprits demanderont le nom et le prénom du lecteur, nous, on en restera là, car tandis que s’ébrouent les mégalomanies PS-euses, il y a nettement plus gravissime. Il y a qu’on continue à tuer dans ce pays, il y a que les flics, quand ils ne flashballent pas, tasent. Dépêche de l’agence Reuters, le lendemain du drame : « Le Malien victime du Taser est décédé par asphyxie. » Il serait donc mort d’avoir cessé de respirer, merci pour cette info cruciale. Par ailleurs, et selon le parquet de Nanterre, « il n’y a pas, à ce stade, de cause certaine et absolue » concernant son décès. Il était sans papiers. Il avait la flicaille au cul. Il s’est pris deux décharges. Ça nous fait déjà, ça, trois causes, aussi absolues que certaines.