Jacques Prévert laboure ses champs de révolte

mis en ligne le 9 décembre 2010
C’est en me promenant dans la vieille ville de Guérande que mon regard fut accroché par un livre intitulé Jacques Prévert en vérité. On y voyait Prévert allumant une cigarette sur la couverture, mais cette attirance ne me poussa pas à entrer dans cette librairie. Pourtant, durant toute la soirée qui suivit, je ne cessais de repenser à ce livre aussi gros qu’un pavé. Au réveil, le lendemain matin, je me précipitais pour l’acheter. Je dus même attendre que le libraire sorte ses étals et ouvre sa boutique.
Ce livre de 998 pages me passionna durant tout l’été. Il rythma ma vie pendant toute cette
période et je découvris un homme qui m’était complètement inconnu : poète, engagé, révolté, anarchiste.
C’est précisément cette face méconnue de Prévert qui entra en résonance avec le travail que je voulais initier autour de l’art et de l’engagement. Je voulais dénoncer un monde atroce, sans justice mais aussi proposer des alternatives, des chemins de traverse, des pistes pour se révolter contre l’intolérable. En travaillant, seul, sur cette thématique, m’est venue l’idée de ce titre Prévert et champs de révolte qui allait me guider tout au long de cette année pour tenter de créer un spectacle, une performance, une œuvre artistique.
J’ai commencé par sélectionner une quinzaine de poèmes de Prévert en prenant soin de ne garder que ceux qui entraient en résonance avec la thématique de base de mon projet.
J’ai ensuite pensé à un autre poète, contemporain et activiste du slam, Gérard Mendy, pour travailler avec moi. Tout de suite, nous nous sommes rencontrés sur cette idée, sur cette énergie que nous allions déployer pour renverser des montagnes et aller à la rencontre de nos concitoyens, de nos frères. À l’instar du groupe Octobre, dans les années vingt et trente, nous allions créer une performance poétique et engagée qui s’adresserait à un public populaire.
Nous avons beaucoup travaillé, discuté, échangé pour tenter de donner corps à ce projet. Parallèlement, je bavardais aussi avec un autre ami, Olivier Azam, du thème de ce spectacle et de l’engagement qu’il contenait. C’est lui qui me suggéra le nom d’Éric Feldman, comédien, pour jouer les textes de Prévert. Finalement, Olivier s’est joint à nous, pour nous apporter son regard de journaliste et ses images de réalisateur engagé.
Au final, nous avons écrit, Gérard et moi, douze chansons et j’ai retenu neuf poèmes de Prévert. Je me suis impliqué dans ce projet, corps et âme, sans retenue et sans compter mon temps et mon énergie et j’ai eu l’immense plaisir et le grand honneur que mes partenaires s’impliquent aussi avec tout leur cœur et tout leur talent dans cette création qui, je le souhaite, passionnera, interrogera et émouvra le plus grand nombre.

Hervé