La lutte finale ?

mis en ligne le 30 septembre 2010
Ça se bouscule au portillon dans les médias après la grève de jeudi dernier. Entre guerre des chiffres et bisbilles autour du nombre de manifestants, de grévistes, sans oublier les « fuites assassines ».
La plus belle perle aura, peut-être, été celle citée dans l’ancien quotidien de la rue de Lorraine à Paris dans le 19e arrondissement. À savoir ce qu’un ministre aurait dit : « Si la CGT avait voulu bloquer les transports, elle en avait les moyens. Mais elle a un pacte tacite avec l’Élysée car elle a compris que le Président ne reculera pas. »
Diable… c’est du lard ou du cochon ? Il semblerait qu’il faille tristement et cruellement comprendre que dans les instances gouvernementales et syndicales, ça marche la main dans la main pour empêcher tout projet de grève reconductible. Le gouvernement attend des jours meilleurs, c’est-à-dire le retour d’une croissance économique pour faire tout oublier. En attendant, la colère ouvrière (ou ce qu’il en reste ?) va malgré elle avaler des couleuvres et payer les cotisations syndicales pour ne pas faire d’histoires.
Le tout, évidemment pour déblayer le terrain en attendant la présidentielle et ses différents appétits de tous bords.
Pas très réjouissant tout ça. Certes il y a ça et là, déontologie syndicale oblige, des réactions. Mais déclarer comme un responsable syndical CFDT que « Le mépris du gouvernement est inacceptable, de nombreux militants, dès jeudi soir, nous ont fait part de leur dégoût. » va-t-il au-delà de l’effet de déclaration ?
La révolte qui couve un peu partout ne saurait se contenter des journées d’action du 2 et du 12 octobre. Où se cache donc ce que certaines gazettes appellent le cauchemar des pouvoirs publics ? Peut-être dans les lycées, les universités où les débordements sont moins maîtrisables, entend-on ici et là. Mais la rentrée est encore fraîche, voire pas encore entamée pour beaucoup. Il est aussi vrai que les jeunes ne sont pas trop motivés par le problème de la retraite… Mais on peut quand même dire et espérer à l’instar de Thomas Declerc, secrétaire de l’Unef Montpellier (Hérault) « qu’un mouvement de révolte se fait sentir dans les universités ». Et de se rappeler que « le pouvoir a toujours eu peur de la jeunesse » !
Côté représentants des boutiques syndicales il y a, comme d’habitude, de nombreuses fausses notes (voulues ?) et désaccords dans les déclarations. Une représentante de la CGT peut déclarer que « le gouvernement a choisi l’affrontement et aussi une possible crise sociale d’ampleur ». Alors que la CFDT s’inquiète que le gouvernement « pousse à à la radicalité et c’est un piège ».
Nous assistons donc à une vraie réponse syndicale, mais une mobilisation trop forte semblerait déranger certains…
Ne faudrait-il pas aller bloquer les raffineries de Total pour toucher le capital là où ça fait mal ? Ça nous aiderait à oublier les déclarations d’un « bras droit » de Bernard Thibault qui déclarait il y a environ un an : « Il n’y aura pas de grève générale. Le Grand Soir c’est dans les livres. » On se rappellera plutôt ce que disait un syndicaliste CGT de Conti : « On a remis le syndicaliste dans son rôle, à savoir être porte-parole des ouvriers, pas leur chef. » À méditer par les diverses directions confédérales... surtout quand la presse loue leur résistance aux « velléités de surenchère de leur base ». Ah ! que s’inverse la tendance en s’y mettant toutes et tous !

Fernand Bernard