Forfait hospitalier : plus on est malade plus on paye

mis en ligne le 24 septembre 2009
Il ne fait pas de doute que cette mesure aura pour conséquence de pénaliser les plus pauvres (les malades qui n’ont pas accès à la CMU ne sont pas exonérés du forfait hospitalier) qui ne peuvent pas accéder à une mutuelle, ainsi que les populations les plus malades.

L’inverse de la solidarité
Après l’augmentation des consultations et des médicaments via les franchises médicales, le gouvernement ultralibéral s’attaque à présent aux frais d’hospitalisation qui vont augmenter pour les assurés sociaux. Pour la ministre de la Santé : « Ces dépenses d’hôtellerie (sic) n’auraient pas à être pris en charge par l’assurance Maladie » ...Sous ce discours ironique et méprisant, elle condamne donc les 5 millions d’assurés sociaux qui n’ont pas accès à une mutuelle. Quand bien même, il faut savoir que toutes les mutuelles ne remboursent pas le forfait hospitalier... L’augmenter va donc pénaliser les personnes les plus démunies et les écarter encore davantage des soins.
Pour prendre le cas d’une population fragile, il faut savoir que seuls 17 % des personnes séropositives ont une activité professionnelle. Pour les autres, il s’agit de se débrouiller avec des prestations sociales dont le montant se situe en dessous du seuil de pauvreté, mais au dessus du plafond de la CMU ! Toujours dans cette « logique illogique », une personne bénéficiant de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) qui n’a pas les moyens de cotiser à une mutuelle doit ainsi s’acquitter du forfait hospitalier. Or, l’AAH vient d’être « généreusement » revalorisée de 2,2 %... Elle s’élève à 681,63 euros mensuels… Comment les politicards, qui ne foutent jamais le nez en dehors de leurs palais ou de leurs voitures avec chauffeurs et motards, vont-il expliquer aux personnes précaires qu’une hausse de 25 % du forfait hospitalier est envisageable ? Il s’agit d’un grossier foutage de gueule pour des populations qui mettent déjà toute leur énergie à trouver le minimum vital : de quoi se loger et se nourrir.

« C’est la faute à la crise » !
Et qu’on ne vienne pas nous dire que le déficit de l’assurance maladie est dû au gâchis et à la crise. Il ne faut pas sortir de l’Ena pour comprendre que la réduction du nombre de lits d’hôpital, les salariés du secteur hospitalier partant à la retraite non remplacés et les licenciements en chaîne opérés ces derniers mois sont autant de ressources en moins pour l’assurance Maladie. Et malgré ce massacre, le gouvernement s’évertue à poursuivre sa politique d’exonérations de cotisations patronales, en ignorant cordialement qu’elle constitue la cause principale du déficit de l’assurance Maladie. Tout ça pour faire des cadeaux lobbyistes aux « copains » et qui permettent à divers spécialistes de pratiquer pour les 3/4 de leurs actes, des dépassements d’honoraires. Ce système qui devrait être mis en place d’ici mi-octobre promet l’assise d’un système de santé encore plus inégalitaire.
Le projet de loi Hôpital - Patients - Santé et Territoire (HPST) allait déjà dans le sens du corporatisme médical. Et les personnes « fausses naïves » qui feignent de penser que ce projet de loi ne fait que remplacer le pouvoir médical par celui d’une direction forte, devraient réfléchir à la duperie de substituer un pouvoir par un autre, ici purement gestionnaire : il s’agit d’une énorme tromperie. L’esprit de cette réforme correspond à tout sauf à la recherche de l’équilibre des pouvoirs.
En réalité, ce sont les malades qui font déjà les frais depuis plusieurs années d’une tarification à l’activité inappropriée pour des pathologies chroniques et évolutives complexes, ce qui conduit à une grave dégradation des conditions d’accueil dans les services censés les soigner (délais de rendez-vous délirants, personnel infirmier insuffisant, restriction sur les soins).
Toutes ces politiques n’ont qu’un simple et seul but : faire payer les malades, sans prendre la peine de chercher d’autres pistes pour renflouer les caisses de la Sécurité sociale. De plus, avec cette logique, plus on est malade, plus on paie ! Cette philosophie nie totalement le système de mutualisation qui était à la base de la Sécurité sociale, pour le faire évoluer en un système où la santé sera un luxe inabordable pour la plupart des individus. Selon la Fédération syndicale unitaire, déjà 14 % des usagers auraient déjà renoncé à se soigner. En ce n’est hélas qu’un début !