Un capitaine pas si superbe

mis en ligne le 1 octobre 2009
Paru en feuilleton dans le journal Action, Capitaine Superbe avait été édité en 1946 chez Bordas. Les éditions libertaires nous permettent de redécouvrir cet excellent roman de Gaston Massat.
Catherine Massat a eu la bonne idée de frapper à la porte des éditions Libertaires pour rééditer le livre de son oncle Gaston Massat. Ainsi, nous pouvons lire ou relire un excellent roman sur la Résistance ariégeoise dans le Couserans, terreau pour les insoumis et les rebelles depuis l’époque napoléonienne.
Gaston Massat (1909-1966), résistant, poète engagé lié aux surréalistes, ami de Lucien Bonnafé, de Paul Éluard, de Jean Cassou, de Joë Bousquet (qu’il a salué dans un beau texte publié en 1958 chez Seghers dans la collection « Poètes d’aujourd’hui ») et de tant d’autres écrivains et artistes était un communiste discret qui se moquait des honneurs et des conventions factices.
Totoche (comme ses amis l’appelaient) aimait les livres. Il en vendait dans sa librairie, rue Villefranche, à Saint-Girons, sa ville natale. Il en écrivait aussi. On lui doit des recueils de poèmes, des nouvelles et un roman, Capitaine Superbe, qui n’est pas passé inaperçu. Louis Aragon dans l’Humanité, Louis Parrot dans les Lettres françaises, Jean Marcenac dans la Marseillaise, Pierre Gamarra dans le Patriote du Sud-Ouest… ont salué cet ouvrage qui dessinait le vrai visage de la Résistance. Une authenticité qui colle aux réalités du maquis et de la collaboration en Ariège.
Flash-back. Les troupes allemandes ont franchi la ligne de démarcation en novembre 1942. La 6e Panzerdivision a investi Saint-Girons. La Gestapo traque les passeurs, les juifs et tous les candidats à l’exil. Aidés par des miliciens français très zélés, les nazis laissent des plaies ouvertes derrière eux. exécutions sauvages d’habitants par la division Das Reich (qui martyrisera Oradour-sur-Glane plus tard), représailles destructrices contre un village… Heureusement, les maquis composés de communistes, de FTP-MOI, de républicains espagnols… ne manquent pas d’énergie pour changer le cours des choses.
Le titre du livre de Gaston Massat est trompeur. Le capitaine Superbe n’est pas un maquisard héroïque. Ce n’est qu’un minable parmi les minables, une brute épaisse, un salaud de collabo prêt à tout pour terroriser la population avec une petite bande de lâches. Avec sa clique de pourris, ils sont tour à tour assassins, pillards, violeurs, tortionnaires… Leurs moments d’ivrognerie sont ponctués par les chants de la LVF, la Légion des volontaires français contre le bolchevisme. Comme des chiens fous, ils aiment débarquer chez les gens en gueulant « police allemande ». Chaque jour, des juifs « disparaissent », des communistes et même des « mauvais catholiques » sont fusillés. Quand ils brûlent des maisons, quand ils abattent un député qui avait été vu dans les comités Sacco et Vanzetti, quand ils achèvent leurs victimes à coups de pelle, ils maquillent toujours leurs crimes pour tenter de faire accuser les maquisards de la Résistance.
Le capitaine Superbe a une fille superbe, Marie. Marie a vu son père tuer sa mère à coups de pied. Marie est tout le contraire de son père, qui aura une fin digne de ses bassesses. En prime, Marie aime Raoul, un résistant. Après le débarquement des alliés en Normandie, Marie part à la recherche de son amoureux. Caché pour une embuscade, Raoul l’aperçoit otage parmi les boucliers humains que les Allemands et les miliciens français utilisent pour protéger leur débâcle sur la route de Rivals qui est en flammes. FTPF d’un côté, guérilleros anarchistes espagnols du MLE (mouvement libertaire en exil) de l’autre, les antifascistes passent à l’attaque, provoquant une débandade sans nom chez l’ennemi. Les faits ne sont pas autobiographiques, mais le tableau est juste parce qu’il s’appuie sur des moments historiques comme la violente bataille de Rimont, en août 1944, où quatre cents maquisards français et espagnols mal armés vinrent à bout de 1 500 soldats allemands armés de canons et de mitrailleuses. Le récit est également poignant par le fait que la montagne, les arbres, les rivières sont des personnages à part entière qui semblent attendre la fin de l’orage meurtrier.
« Il faudra toujours penser à ceux qui ont donné leur sang pour nous ; il ne faut pas que ce qu’ils ont fait soit perdu », souffle Raoul à une Marie blessée, mais vivante. Avec ce livre qui ne nous abandonne pas, comme disait Aragon, Gaston Massat a pleinement œuvré pour que notre mémoire ne meure pas.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


patrick

le 15 septembre 2012
bonjour
je souhaite acheter le livre de gaston massat
je suis handicapé puis je le commander ??
cordialement
le claire patrick
hall 53
4 rie de crimée
cordialement le claire