Attaque contre les défenseurs des forêts à Khimki (Russie)

mis en ligne le 29 juillet 2010
Khimki1Le 23 juillet à Khimki, a été écrasé le camp des défenseurs de la forêt. Au début, le camp, où se trouvaient quelques dizaines de personnes, a été attaqué par une foule de combattants - environ une centaine de personnes, probablement engagés par ceux qui s’occupent d’abattage forestier. Ces personnes, en masques blancs et vêtues de tee-shirts blancs avec des numéros, ont attaqué le camp. Des témoins ont reconnu certains des agresseurs fascistes - hooligans (militants de droite – animateurs du football de l'une des équipes de Moscou). Dans le même temps, les engins des constructeurs du bâtiment ont été mis en route pour poursuivre la destruction de la forêt.
Comme cela s'est déjà produit à plusieurs reprises, le groupe protestataire à la déforestation a appelé la police. Voici comment ces événements ont été décrits par un membre du groupe de cette initiative, Eugène Tchirikov: «A 5 heures, des bandits en masques blancs sont arrivés. Nous avons réagi en appelant la police et en lui demandant de ne pas nous laisser seuls. Par la suite, on a essayé d'arrêter les policiers qui s’en allaient, et de stopper les machines pour sauver les arbres. A ce moment, sont intervenus l’OMON (Service de la militsia à vocation spéciale, NdT). » La police a commencé à arrêter non pas les bandits ayant attaqué le camp, mais ... les défenseurs de la forêt ainsi que les journalistes. Dans le même temps, les bandits masqués tabassaient les gens ; quelques participants du camp ont été sévèrement battus. Finalement, le terrain de la déforestation a été mis sous la protection de la police.
Un peu d'histoire. Une partie payante de l’autoroute Moscou-Saint Pétersbourg, d’une longueur de 43 km, se situe entre le 15e et le 58e kilomètre. Il passe à travers la forêt de Khimki. Sa construction est conduite par une entreprise de concession du Nord-Ouest (SZKK) qui représente la société française Vinci, lauréate du concours pour le droit de recevoir une concession en 2008. En décembre 2009, un groupe d'activistes a déposé une plainte contre la décision du gouvernement russe de transformer quelque 145 hectares de la forêt de Khimki en terrains industriels. La Cour suprême a reconnu la décision du gouvernement comme légitime. Le 15 juillet 2010, les écologistes ont appris que des travaux sur le site de la future autoroute commençaient. Le groupe de protestation a réussi à stopper l'exploitation forestière et a installé un camp pour protéger les arbres.
Ainsi, les Moscovites, parmi lesquels des résidents locaux, des écologistes et des membres de groupes politiques différents (anarchistes et autres) forment aujourd'hui le front uni contre des sociétés transnationales, le gouvernement russe, la police et les criminels (les fascistes).
Une situation analogue a déjà eu lieu en 2007 dans le camp écologique à Angarsk. Là-bas, écologistes et anarchistes protestaient contre l'expansion de la capacité de production de l’usine d'électrolyse et de chimie d'Angarsk et contre l'importation des déchets nucléaires. Une nuit, le camp de protestation a été attaqué par un groupe de fascistes. Un des campeurs, Ilya Borodaenko, a été tué et plusieurs personnes ont été grièvement blessées.
Il est évident que dans de telles conditions, les anciennes méthodes de protection de la nature et des droits des populations locales ne sont plus adaptées. Les défenseurs de la nature sont attaqués par des voyous fascistes et par les flics ; l’abattage forestier et ensuite la pollution par de grandes entreprises, continuent. Il ne s’agit pas là d’une spécificité russe. Des processus similaires se déroulent dans le monde entier. En Inde, en Amérique du Sud, en Afrique, les multinationales achètent des pays entiers, s’approprient, avec la complicité des autorités locales et des bandes de droite, d’énormes territoires, détruisent des forêts vierges, soumettent les habitants locaux au génocide. Cependant, les populations locales de l’Inde résistent farouchement à cette violence.Khimki2
Quant à la situation à Khimki, les questions suivantes se posent.
Tout d'abord, les gens de Khimki et d'autres régions de Moscou, sont-ils prêts à résister aux bandits et à protéger leurs droits ? Ou ne le sont-ils pas? Est-ce que les Moscovites comprennent que les soit-disants défenseurs des interêts de la population sont corrompus et qu’il ne leurs reste qu’un choix : l’auto-défense ou la défaite ?
Ensuite, est-il possible aujourd'hui de rassembler les gens de la région - au moins une centaine ou plus, de préférence, - des hommes et des femmes physiquement fortes, capables à une action décisive afin d’organiser l’auto-défense contre les bandits ? Des centaines d'anarchistes et d’antifa de Moscou pourraient-ils intervenir dans cette situation ?
Si les réponses à la première et à la deuxième question sont négatives, l'affaire peut alors se terminer par une tragédie insensée, comme à Angarsk, en 2007… La forêt serait coupée, les gens démoralisés…