Lettres d’amour

mis en ligne le 16 juin 2010
Le nouvel ouvrage de la grande Victoria, dont Hosto-Blues avait fait un tabac à sa parution, suivie de celle de plusieurs autres ouvrages aux Éditions des Femmes, est un roman épistolaire au sens premier.
De cette Victoria, on parle trop peu. Que ce soient ses pièces de théâtre (comme L’Escalier du bonheur, jouée par la formidable Odette Simonneau), ses poésies ou nouvelles, ses romans (dont je signalerai surtout Trans-Viscère-Express, La Dame au bidule, Sperm-river ou Bastienne), l’œuvre de cette auteure est d’une infinie richesse, on y retrouve la fraternité et l’humanité qui font que nos sociétés restent quelque peu vivables. Son féminisme est bien plus social qu’individualiste, et c’est très bien ainsi.
Dans cet opus, nous sommes entraînés dans une aventure toujours plus « rocambolesque », mais recherchée – pour elle c’est une question de vie – par Brigitte, l’héroïne, qui deviendra – utilisons une formule bien rodée – à l’insu de son plein gré, l’héroïne d’un fait divers dont elle partagera l’élucidation.
Le bottin, une adresse effacée, mais qu’elle arrive à déchiffrer, ce nom qui lui trotte dans la tête, elle griffonne une lettre pour ce monsieur… C’est le début d’une épidémie qui lui fera éplucher les pages de l’annuaire pour écrire des lettres à des inconnus, messages qui deviennent très rapidement des clins d’œil érotiques à des inconnus : elle se raconte des histoires coquines, leur rappelle des ébats qui n’ont jamais eu lieu et nous emporte dans un maelström époustouflant, où sa gentillesse et son humanisme excusent tous les écarts de langage ou de bienséance ! Elle va très rapidement avoir envie de connaître ses correspondants, de les faire se rencontrer. Mais tout ne se passera pas comme elle pouvait s’y attendre et elle est prise à son propre piège – de quelle affectueuse façon ! – par l’un de ces amoureux hypothétiques.
Léger et profond à la fois, ce court roman se lit d’une traite : vous en sortirez revigorés, car il interpelle aussi bien la gent masculine que la féminine… Chacun y trouvera ses fantasmes, sa réalité ou ses espoirs, dans un coin ou un autre des chaudes enveloppes dont elle entoure chacune des ses épistolaires et idéelles histoires d’amour.
La vérité peut se cacher où on ne l’attend pas !

Serge Moulis